Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/24

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Dryasdust. Une faute plus grave, c’est que vos mœurs y sont peintes d’une manière même plus incorrecte que de coutume ; votre puritain est faiblement tracé en comparaison de votre caméronien[1].

L’auteur. Cette accusation est fondée, sans doute ; mais quoique je considère encore l’enthousiasme et l’hypocrisie comme ce qui prête le plus au ridicule et à la satire, néanmoins je sens la difficulté d’exposer le fanatisme au rire ou à l’horreur, sans employer des couleurs qui pourraient offenser les hommes sincèrement honnêtes et religieux. Beaucoup de choses sont légales, que l’expérience nous apprend être inconvenantes ; et il y a plusieurs sentiments qui sont trop respectables pour être attaqués, quoique nous ne les partagions pas entièrement.

Dryasdust. Sans compter, mon digne maître, que peut-être vous croyez le sujet épuisé.

L’auteur. Le diable emporte les hommes de cette génération, pour donner toujours de la conduite de leurs voisins la plus maligne explication ! »

En parlant ainsi, et me jetant, pour ainsi dire, de la main une espèce d’adieu assez brusque, il ouvrit la porte et descendit rapidement l’escalier. Je me levai précipitamment, et je sonnai mon domestique, qui entra aussitôt. Je lui demandai ce qu’était devenu l’étranger… il nia qu’aucune personne de cette espèce eût été introduite… Je lui indiquai du doigt les flacons vides : et il eut lui…, le front de donner à entendre que de tels vides se faisaient quelquefois apercevoir lorsque je n’avais pas d’autre compagnie que ma personne. Je ne sais que décider sur une matière aussi douteuse ; mais je suivrai certainement votre exemple, en plaçant ce dialogue, avec la présente lettre, en tête de Peveril du Pic. Je suis,

Mon cher monsieur,
Votre très-fidèle et très-obéissant serviteur.
Jonas Dryasdust.
Le jour de la Saint-Michel 1822, à York.
  1. C’est-à-dire Balfour de Burley, dans les Contes de mon Hôte. a. m.