Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/235

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table fils des Stanley et des Peveril. Je me flatte que l’éducation que vous avez reçue dans cette maison a répondu à l’estime que j’ai conçue pour vous… Paix, je ne veux point de remercîments… j’ai à vous demander, en retour de mon amitié, un service qui n’est peut-être pas sans danger pour vous, mais que personne, si ce n’est vous, ne peut rendre à ma famille dans les circonstances actuelles. — Vous avez été toujours pour moi une bonne, une noble maîtresse, une tendre protectrice, et je pourrais dire une mère, répondit Peveril. Vous avez le droit de commander à quiconque porte le nom des Stanley, et le sang qui coule dans mes veines vous appartient tout entier. — Les avis que je reçois d’Angleterre, dit la comtesse, ressemblent bien plus aux rêves d’un homme malade qu’aux informations régulières que j’aurais dû attendre de correspondants tels que les miens. Leur langage est comme celui de ces hommes qui marchent et parlent en dormant, et dont les paroles sans suite ne donnent aucune idée exacte de ce qui se passe dans leurs songes. On a, dit-on, découvert un complot, réel ou supposé, tramé par les catholiques. Ce complot s’étend fort loin ; il a jeté dans les esprits une terreur bien plus difficile à calmer que celle du 5 novembre. Les détails à ce sujet sont incroyables ; ils ne sont attestés que par le témoignage de misérables, vil rebut de la société, et cependant le peuple anglais les accueille avec la crédulité la plus stupide. — C’est un étrange égarement que de vouloir une révolution, sans un motif bien puissant, répondit Julien. — Bien que catholique, répondit la comtesse, je ne suis pas bigote, cousin. Je crains depuis long-temps que le zèle louable des prêtres pour augmenter le nombre de nos prosélytes n’attire sur eux les soupçons de la nation anglaise. Leurs efforts ont redoublé d’énergie depuis que le duc d’York s’est déclaré en faveur de la foi catholique ; et le même événement a augmenté la haine et la jalousie des protestants. Je crains de plus qu’on ait raison de soupçonner que le duc ne soit meilleur catholique que bon Anglais, et qu’il n’ait été entraîné par la bigoterie, comme son frère par son avarice et son avidité prodigue, à s’engager avec la France dans des relations préjudiciables à l’Angleterre. Mais les contes grossiers et ridicules de conspiration et de meurtre, de ravages à feu et à sang, les armées imaginaires, les prétendus massacres, forment une collection de mensonges telle qu’elle semblait de nature à être rejetée même du vulgaire, malgré son goût pour l’horrible et le merveilleux. Cependant ils sont