terrogeait, un air de mystère qui semblait en dire plus que l’oreille ne pouvait en entendre.
Environ cinq ans après que Bridgenorth eut quitté le pays, il arriva un événement singulier. Sir Geoffrey s’était absenté pour les courses de Chesterfield, et lady Peveril, qui avait l’habitude de se promener dans les environs fort souvent sans suite, ou accompagnée seulement d’Ellesmère ou de son fils, était sortie un soir pour faire une visite de charité dans une chaumière isolée où demeurait une pauvre femme attaquée alors d’une fièvre qu’on supposait contagieuse. Jamais des craintes de cette espèce n’arrêtaient lady Peveril un seul instant dans l’exercice de ses œuvres charitables ; mais elle n’aurait voulu exposer ni son fils ni aucun de ses gens aux risques qu’elle consentait à courir, dans l’espèce de persuasion où elle était que ses précautions la préserveraient de tout danger.
Lady Peveril était sortie à une heure déjà avancée dans la soirée, et le chemin était beaucoup plus long qu’elle ne l’avait cru ; différentes circonstances avaient aussi contribué à la retenir à la chaumière plus long-temps qu’elle ne le voulait. Ce fut par une belle soirée d’automne et par un brillant clair de lune qu’elle se disposa à retourner au château, en traversant les clairières et les collines qui la séparaient de Martindale. Elle se mit en chemin sans la moindre inquiétude : qu’avait-elle à craindre dans un pays tranquille et retiré, et sur une route qui traversait presque entièrement ses domaines ? D’ailleurs, elle avait pris pour l’escorter le fils de la malade, jeune garçon de quinze ans. La distance était de plus de deux milles, il est vrai ; mais en pouvait l’abréger de beaucoup en passant par une avenue qui dépendait du domaine de Moultrassie-House, et qu’elle avait évitée en venant, non pas à cause du bruit absurde répandu dans le pays qu’il y revenait des esprits, mais seulement parce que rien ne déplaisait plus à son mari, que d’apprendre que le chemin du château était fréquenté par les habitants de Moultrassie, ou celui de Moultrassie par les habitants de Martindale. La bonne dame, peut-être en considération du pouvoir qu’il lui était permis d’exercer dans les affaires plus importantes, s’était fait une règle de ne jamais contrarier les fantaisies ou même les préjugés de son mari : sorte d’accommodement tacite que nous ne saurions trop recommander à toutes les bonnes ménagères de notre connaissance ; car rien de plus merveilleux que la facilité avec laquelle l’homme résigne