Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/124

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vous ; et, dans ce but désirable, il est prêt à vous montrer une déférence à laquelle vous ne pouviez vous attendre, et qui, sans aucun doute, vous causera la plus grande satisfaction. — Permettez-moi de vous dire, sir Jasper, répondit Bridgenorth, que tout ce préambule est inutile. Je ne me suis nullement plaint de sir Geoffrey ; je n’ai exigé de lui aucune réparation. Je suis sur le point de quitter le pays, et les affaires que nous avons ensemble peuvent se régler par d’autres aussi bien que par nous-mêmes. — En un mot, ajouta le ministre, le digne major Bridgenorth a eu assez de commerce avec les impies, et il ne consentira, sous aucun prétexte, à en avoir plus long-temps. — Messieurs, » reprit sir Jasper en s’inclinant de nouveau avec une politesse imperturbable, » vous vous méprenez étrangement sur la nature de ma mission, et je vous engage à m’écouter jusqu’au bout avant de me répondre. Je pense, maître Bridgenorth, que vous n’avez point oublié votre lettre à lady Peveril, lettre dont j’ai une copie exacte, et dans laquelle vous vous plaignez du traitement rigoureux que vous avez éprouvé de la part de sir Geoffrey, et surtout de la manière dont il vous a renversé de cheval à Hartley-Nick, ou non loin de là. Or, sir Geoffrey a une assez bonne opinion de vous pour croire que, sans l’énorme distance que le rang et la naissance ont mise entre vous et lui, vous auriez cherché à régler cette affaire comme il est d’usage entre gentilshommes, ce moyen étant le seul que vous puissiez employer pour laver d’une manière honorable l’outrage que vous avez reçu. En conséquence, vous verrez, par le contenu de ce billet, qu’il vous offre, dans sa générosité, ce que votre modestie s’est abstenue de lui demander ; car il ne peut attribuer votre silence à aucun autre motif. Je vous apporte ici la mesure de son arme, et quand vous aurez accepté le cartel que je suis chargé de vous offrir, je serai prêt à régler avec vous le lieu, l’heure et tous les autres détails relatifs à ce rendez-vous. — EL moi, » dit Solsgrace d’une voix solennelle, « si l’auteur de tout mal tentait mon ami d’accepter la proposition d’un homme aussi altéré de sang, je serais le premier à prononcer sur sa tête la sentence terrible d’excommunication. — Ce n’est pas à vous que j’ai l’honneur de m’adresser, révérend docteur, répliqua le porteur du cartel ; votre propre intérêt doit assez naturellement vous déterminer à craindre pour la vie de votre patron plus que pour son honneur. Mais c’est de lui seul que je dois apprendre lequel des deux il préfère. »