Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/123

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cette cour déserte fussent éveillés par le piétinement des chevaux : c’était pourtant ce qui arrivait en ce moment.

Bridgenorth et Solsgrace, également surpris de ce bruit, étaient disposés à le regarder comme un fâcheux pronostic et à redouter quelque nouvelle mesure oppressive de la part du gouvernement, lorsque le vieux domestique du major introduisit sans cérémonie, car ses manières étaient aussi simples que celles de son maître, un homme de haute taille, ayant passé de beaucoup le midi de la vie, et dont le costume, les longs cheveux, le chapeau rabattu et la plume tombante annonçaient un cavalier. Il s’inclina d’un air raide et cérémonieux, annonça qu’il était sir Jasper Crambourne, et porteur d’un message spécial pour maître Ralph Bridgenorth de Moultrassie-House, de la part de son honorable ami sir Geoffrey Peveril du Pic, et qu’il désirait savoir s’il plaisait à maître Bridgenorth de lui permettre de s’acquitter de sa mission dans l’appartement où il se trouvait alors, ou partout ailleurs.

« Tout ce que sir Geoffrey Peveril peut avoir à me faire dire, répondit Bridgenorth, peut être dit à l’instant, et devant mon ami, pour lequel je n’ai pas de secrets. — La présence de tout autre ami, loin d’être un motif d’objection, serait la chose du monde la plus désirable, » reprit sir Jasper, après un instant d’hésitation et en regardant le docteur Solsgrace ; « mais monsieur ne serait-il pas un ecclésiastique ? — Je n’ai aucun secret, répéta Bridgenorth, et je ne désire nullement d’en avoir qui soit de nature à ne pouvoir être connu d’un ecclésiastique. — Comme il vous plaira, répondit sir Jasper ; la confidence, au surplus, peut ne pas être mal placée ; car vos ministres, d’après ce que je sais, et soit dit sans vous fâcher, ont prouvé qu’ils n’étaient point ennemis des affaires du genre de celle qui m’amène vers vous. — Poursuivez, monsieur, » dit Bridgenorth d’un ton sévère, « et veuillez vous asseoir, à moins qu’il ne vous plaise davantage de rester debout. » — Je dois d’abord m’acquitter de ma mission, » répondit sir Jasper en se redressant ; « c’est après avoir vu de quelle manière vous l’accueillerez, que je saurai si je dois ou non m’asseoir à Moultrassie-House. Monsieur Bridgenorth, sir Geoffrey Peveril a mûrement réfléchi sur les malheureuses circonstances qui vous ont divisés comme voisins. Il se rappelle certains exemples des temps anciens (je répète ici ses propres paroles) qui le disposent à faire tout ce qui peut s’accorder avec son honneur pour effacer jusqu’à la dernière trace de mésintelligence entre