Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/119

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

après l’avoir promenée dans tout le village, la brûlèrent sur la place où il s’élevait jadis un mai majestueux que Solsgrace, à l’époque de son usurpation, avait abattu lui-même de sa vénérable main.

Sir Geoffrey, indigné de ces excès, envoya offrir à M. Solsgrace une indemnité pour ce qu’il avait perdu ; mais le docteur calviniste répondit : « Depuis une aiguillée de fil jusqu’à un cordon de soulier, je n’accepterai rien de ce qui est à toi : que la honte de tes œuvres retombe sur ta tête ! »

De nombreux murmures s’élevèrent contre sir Geoffrey Peveril, comme ayant agi en cette circonstance avec une sévérité et une précipitation inconvenantes ; et la renommée eut soin, comme de coutume, d’ajouter ses mensonges à la réalité. Le bruit courut que le furieux cavalier, Peveril du Pic, à la tête d’une bande d’hommes armés, était tombé sur une congrégation de presbytériens occupés de l’exercice paisible de leur religion ; qu’il avait tué les uns et blessé les autres : qu’il avait poursuivi le ministre jusqu’à son presbytère, et réduit la maison en cendres. Quelques-uns même prétendirent que le prédicateur avait péri dans les flammes ; et les plus modérés soutinrent qu’il n’était parvenu à s’échapper qu’en arrangeant sa robe, son chapeau et son rabat de manière à tromper son ennemi et à lui faire croire que les flammes l’environnaient, tandis qu’il se sauvait par une porte de derrière. Et quoique peu de gens crussent à toutes les atrocités si faussement imputées à l’honnête cavalier, ces bruits jetèrent sur lui assez d’odieux pour qu’il en résultât plus tard des conséquences sérieuses, comme le lecteur le verra dans le courant de cette histoire.



CHAPITRE IX.

LE CARTEL.


Bessus. Est-ce un cartel, monsieur, n’en est-ce pas un ?
Le gentleman. C’est une invitation à vous rendre sur le champ de bataille.
Le roi qui n’est pas roi, par Beaumont et Fletcher


Pendant un jour ou deux après son expulsion forcée, le docteur Solsgrace continua à résider à Moultrassie-House, où la mélancolie que devait naturellement lui inspirer sa situation ne contribua pas peu à augmenter la sombre tristesse du maître de