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que d’une forte amende montant à plusieurs milliers de livres, qui furent levées avec beaucoup de difficulté sur les domaines ravagés du jeune comte de Derby.



CHAPITRE VIII.

LA GOUVERNANTE ET LE MINISTRE.


Adieu donc, ô mon pays !
Byron.


Lady Peveril resta fort inquiète pendant plusieurs heures après le départ de son mari et de la comtesse ; mais elle le fut encore davantage quand elle apprit que le major Bridgenorth, dont elle faisait observer avec soin tous les mouvements, était parti à la tête d’une troupe d’hommes armés, et s’était dirigé vers l’ouest, du même côté que sir Peveril.

L’arrivée de Whitaker mit enfin un terme à ses anxiétés, et elle apprit avec joie que la lutte du major avec son mari n’avait eu de suites funestes ni pour l’un ni pour l’autre. Cependant elle frémit en songeant que les scènes de discorde civile avaient été sur le point de se renouveler par cet événement ; et, tout en remerciant le ciel d’avoir préservé son mari d’accident, elle ne put s’empêcher de déplorer et de redouter les conséquences de sa querelle avec le major. Ils avaient sans doute perdu pour jamais un vieil ami, qui ne s’était pas démenti dans ces jours d’infortune où l’amitié subit des épreuves si sévères, et elle ne se dissimulait pas que Bridgenorth, ainsi courroucé, pouvait devenir un ennemi sinon dangereux, au moins inquiétant. Jusqu’alors il n’avait usé qu’avec la plus grande douceur et les plus grands égards de ses droits comme créancier ; mais s’il lui plaisait d’agir avec rigueur, lady Peveril qui, par son attention continuelle à maintenir l’économie de sa maison, avait acquis une connaissance beaucoup plus intime des affaires de son mari que sir Geoffrey lui-même, prévoyait les résultats fâcheux des mesures que la loi autorisait Bridgenorth à prendre. Elle se rassurait pourtant en songeant qu’elle possédait encore une grande influence sur lui ; elle comptait sur la tendresse paternelle et sur cette persuasion où il avait été jusqu’alors, que la santé de sa fille ne pouvait se fortifier et s’affermir que sous la surveillance et par les soins de lady Peveril. Mais tout l’espoir de réconciliation qu’elle avait probablement fondé sur cette circonstance fut détruit par un accident qui eut lieu dans le courant de la matinée suivante.