Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/95

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double de sa valeur, je gage, interrompit le roi… Je connais vos ruses, à vous autres marchands de la Cité. — Je n’ai pas l’espoir d’en imposer au jugement de Votre Majesté, dit Heriot. Ce morceau est réellement ce que je vous ai dit, et le prix en est de cent cinquante livres sterling, s’il plaît à Votre Majesté de le payer sur-le-champ. — Cent cinquante livres sterling ! » s’écria le monarque irrité, « qu’autant de sorciers et de sorcières vous les trouvent. Sur mon âme, Geordie-Tintin, vous avez envie de faire sonner joliment votre bourse… Comment pourrais-je vous compter cent cinquante livres sterling pour un objet qui ne pèse pas autant de marcs ? Vous savez d’ailleurs que les serviteurs de ma maison et les officiers de ma bouche sont en arrière de six mois. »

L’orfèvre maintint son dire en dépit de cette sortie, étant assez habitué à en ouïr de semblables, et se contenta de répondre que si cette pièce d’argenterie plaisait à Sa Majesté et qu’elle la désirât, il serait facile de s’entendre sur le prix. À la vérité, le propriétaire ne pouvait pas en attendre le paiement, mais lui, George Heriot, se chargerait d’avancer la somme pour le compte de Sa Majesté, si tel était son bon plaisir : il attendrait la convenance du roi pour le remboursement de cet argent et de plusieurs autres objets, cette somme, dans l’intervalle, rapportant l’intérêt ordinaire.

« Sur mon honneur, dit Jacques, voilà qui est parler en brave et raisonnable marchand. Il faut que nous obtenions un nouveau subside des communes, et cela réglera tous nos comptes. Emportez la salière, Maxwell, emportez-la, et ayez soin de placer dans un endroit où Steenie et fanfan Charles puissent la voir à leur retour de Richmond. Et maintenant que nous sommes seuls, mon bon vieil ami Géorgie, je vous dirai que je crois, en vérité, à propos de nous et de Salomon, que toute la sagesse du pays a quitté l’Écosse quand nous sommes venus nous établir dans ce royaume du sud. »

George Heriot fut assez courtisan pour dire que le sage suit généralement le sage, de même que le cerf suit le chef du troupeau.

« Ma foi, je crois qu’il y a quelque chose de vrai dans ce que tu dis, reprit Jacques ; car nous-même, ceux de notre cour et de notre maison, dont tu es toi-même un exemple, nous passons, dans l’opinion des Anglais, tout présomptueux qu’ils sont, pour