Mais que dit encore le papier, milord ? — Oh, seulement une
petite clause qui nous regarde particulièrement, et qui menace
de peines encore plus sévères ceux qui auront la hardiesse d’approcher
de la cour sous le prétexte de demander le paiement
d’anciennes dettes, ce qui de tous les genres d’importunités est le
plus odieux à Sa Majesté. — Il ne manque pas de gens qui pensent
comme le roi à ce sujet : ce n’est pas tout le monde qui peut se
débarrasser aussi facilement que lui de cette espèce de bétail
qu’on appelle des créanciers. »
Ici la conversation fut interrompue par un coup frappé à la porte. Olifaunt regarda par la croisée, et vit un homme d’une tournure respectable et d’un certain âge, qu’il ne connaissait pas. Richie y jeta aussi les yeux, et reconnut, mais sans se soucier d’en faire semblant, son ami de la veille. Craignant que la part qu’il avait à cette visite ne vînt à se découvrir, il s’échappa de l’appartement sous prétexte d’aller déjeuner, laissant à l’hôtesse le soin d’introduire maître George dans l’appartement de Nigel, ce dont elle s’acquitta d’un air fort gracieux.
CHAPITRE IV.
LE JEUNE LORD ET LE VIEUX BOURGEOIS.
Le lord écossais reçut le bourgeois de la Cité avec cette politesse froide et mêlée de réserve, par laquelle les gens des rangs élevés cherchent à faire comprendre à un plébéien qu’il est importun. Néanmoins maître George n’en parut ni offensé ni confus. Il prit la chaise que, par égard pour son air respectable, lord Nigel n’avait pu se dispenser de lui offrir, et dit, après un moment de pause, pendant lequel il regarda le jeune lord avec un respect mêlé d’émotion : « Vous excuserez ma hardiesse, milord, mais je cherchais à retrouver sur votre jeune visage les traits du bon vieux lord votre excellent père. »
Il y eut une minute de silence avant que le jeune Glenvarloch répondît, d’un air réservé : « On a souvent trouvé que je ressem-