Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/484

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ques places à la cour, qui sont néanmoins recherchées par des personnes de qualité, sir Mungo. — Les faveurs de la cour, maître Heriot, » répondit sir Mungo ayant l’air de ne pas comprendre ; « c’est le reflet de la lune dans l’eau : pauvres enfants ! si c’est là tout ce qu’ils doivent avoir, j’en suis vraiment bien affligé pour eux. — Je vais vous confier un secret qui calmera votre tendre inquiétude. La douairière, lady Dalgarno, donne une jolie dot à la mariée, et institue héritier de tous les biens qui lui restent son neveu le marié. — Ah ! j’y suis, dit sir Mungo… par considération pour son mari qui est dans la tombe… Il est bien heureux que son neveu ne l’y ait pas envoyé… C’est une étrange histoire que la mort de ce pauvre lord Dalgarno… Il y a des gens qui lui donnent bien des torts… C’est une chose très-hasardeuse que d’épouser la fille d’une maison avec laquelle on est en querelle. Ce fut moins la faute du pauvre Dalgarno que celle de ses parents qui l’ont forcé à faire ce mariage. Mais je suis bien aise que les jeunes gens aient de quoi vivre ; n’importe de quelle part vienne leur fortune, soit par charité ou par héritage. Mais quand lady Dalgarno voudrait vendre tout ce qu’elle a, même jusqu’à son jupon, elle ne lui rendrait pas le beau château de Glenvarloch… voilà qui est perdu, perdu sans ressource. — Cela n’est que trop vrai ; nous ne pouvons découvrir ce qu’est devenu ce scélérat de Skurfiewhitter, ou ce que lord Dalgarno a fait de l’hypothèque. — Il l’aura laissée à quelqu’un afin que sa femme ne la prît pas après sa mort ; l’idée que lord Glenvarloch aurait pu rentrer en possession de cette terre l’aurait troublé jusque dans sa tombe. — En vérité, il n’est que trop probable, sir Mungo, dit maître Heriot. Mais la cérémonie m’oblige à vaquer à plusieurs affaires importantes ; il faut que je vous quitte pour vous laisser le temps de vous consoler par cette réflexion. — Vous dites que le mariage se fait le 13 du courant ? » dit sir Mungo courant de toutes ses forces après lui ; « je serai chez vous à l’heure marquée. — Le roi invite lui-même son monde, » répondit George Heriot sans se retourner.

« Le vil et grossier artisan ! » dit en lui-même sir Mungo ; « s’il ne m’avait pas prêté une vingtaine de livres sterling la semaine dernière, je lui apprendrais la manière de se comporter envers un homme de qualité ; mais je serai au repas de noce malgré lui. »

Sir Mungo trouva le moyen de se faire inviter, ou plutôt de se faire mettre de service le jour de la noce. Peu de personnes y assistèrent, car Jacques, dans de semblables occasions, préférait