Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/458

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Voici trois compagnons joyeux ;
Jamais avec plus d’harmonie
Trois autres n’ont su de leur vie
Chanter une triple partie,
Sous un gibet triple comme eux.


— Pour l’amour de Dieu, parlez plus bas : est-ce ici le lieu et l’heure de faire entendre vos refrains nocturnes ? Mais de combien avez-vous besoin dans ce moment ?… je vous répète que je ne suis pas en fonds. — Vous me dites là un mensonge, répondit le spadassin… De combien j’ai besoin, dites-vous ? ma foi je me contenterai d’un de ces sacs pour le moment. — Je vous jure que ces sacs d’argent ne sont pas à ma disposition. — Pas d’une manière honnête peut-être, mais entre nous cela ne fait pas grand’chose. — Je vous jure que je puis n’en disposer d’aucune manière… Ils m’ont été remis en compte… Je dois les envoyer à lord Dalgarno, dont le page attend à la porte ; je ne pourrais pas en détourner une seule pièce sans m’exposer à un éclat dangereux. — Ne pouvez-vous pas différer de les remettre ? » reprit l’Alsacien, sa large main tâtant un des sacs comme si les doigts lui eussent démangé de s’en emparer.

« Impossible ; il part demain pour l’Écosse. — Ah ! » dit le ferrailleur, après un moment de réflexion, il va suivre la route du Nord avec une telle charge. — Il est bien accompagné… cependant… — Cependant… quoi ? dit le spadassin. — Je ne veux rien dire de plus. — Si, si fait, tu es à la piste de quelque bonne idée, reprit Colepepper… je t’ai vu t’arrêter tout court, comme un chien d’arrêt… tu ne diras pas grand’chose, mais tu feras un signe aussi expressif qu’un épagneul bien dressé. — Tout ce que je voulais dire, capitaine, c’est que ses domestiques vont par Barnet, et que lui-même, suivi de son page, traversera Enfield-Chase au petit pas, comme il me l’a dit hier lui-même… — Ah, t’y voilà donc, mon garçon ? — Et il s’arrêtera continua l’écrivain ; il s’arrêtera quelques moments à Camlet-Moat. — Comment diable ! cela vaut mieux qu’un combat de coqs. — Je ne vois pas quel profit vous en pouvez tirer, capitaine… Cependant ils ne pourront aller vite, car le page montera le cheval de somme qui doit porter tout ce poids… Lord Dalgarno tient un œil attentif sur les biens de ce monde. — Ce cheval-là sera bien obligé à ceux qui le débarrasseront de son fardeau, dit le spadassin ; car il n’est pas à l’abri d’une rencontre… Il a toujours à son service ce petit page… ce même lutin, ce démon incarné… en bien ! cet enfant-là m’a déjà