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par le collet, il lui dit : « Vous connaissez mon désir maintenant, Geordie ; allez-vous-en donc, et arrangez cela comme vous l’entendrez ; seulement, rappelez-vous nos embarras actuels. » Le marchand salua et se retira.

« Et maintenant, mes enfants, dit le roi, pourquoi vous regardez-vous ainsi l’un l’autre, et qu’avez-vous à demander à votre cher papa et compère ? — Seulement, répondit le prince, qu’il plaise à Votre Majesté d’ordonner que la cachette qu’elle a fait faire dans la prison soit immédiatement murée. Les gémissements d’un captif ne doivent pas servir de témoignage contre lui. — Moi ! faire boucher mon oreille, fanfan Charles ? Et cependant il vaut mieux être sourd que d’entendre certaines choses !… Eh bien donc, je le veux bien, qu’on la comble fort et ferme, et sans délai : j’y consens d’autant mieux que j’ai mal aux reins d’y être resté assis pendant plus d’une heure. Et maintenant, mes bons enfants, allons voir comment les cuisiniers nous ont traités. »



CHAPITRE XXXIV.

LE COMPLOT.


Le chevalier se rendit chez ce brave homme pour le consulter sur son procès. Il le trouva assis dans son comptoir, ayant devant lui des registres et de l’argent, comme des œufs dans des nids pour faire pondre les clients, et leur faire payer ses mauvais conseils.
Hudibras.


Notre lecteur se rappellera sans doute un certain écrivain, Écossais à la langue mielleuse, aux cheveux plats et lisses, habillé de bougran, et qui, dans la première partie de cet ouvrage, fut représenté comme un protégé de George Heriot. C’est chez lui que nous allons nous transporter ; mais les temps sont changés pour lui. Sa petite échoppe s’est transformée en une chambre de représentation ; l’habit de bougran est changé en pourpoint de velours noir, et quoique celui qui le porte ait conservé un air d’humilité puritaine et sa politesse obséquieuse envers les clients d’importance, il peut maintenant regarder les autres en face et les traiter avec tous les airs de supériorité ordinaires à l’opulence. Il n’avait fallu que peu de temps pour opérer cette révolution, et celui pour qui elle s’était faite n’y était pas encore lui-même habitué. Cependant la pratique de chaque jour rendait le changement moins embarrassant. Parmi d’autres acquisitions de luxe,