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Nord pour aller m’en mettre en possession. — Emporte avec toi la malédiction d’un père ! s’écria lord Huntinglen. — Et celle d’un roi qui est pater patriœ, ajouta Jacques. — J’espère avoir le courage de supporter l’une et l’autre, » dit lord Dalgarno ; et saluant autour de lui, il se retira laissant tout le monde étourdi et consterné de tant d’audace et d’effronterie. Il semblait à chacun qu’il respirait plus facilement quand il eut débarrassé la compagnie de sa présence… Le comte Huntinglen, s’efforçant de consoler sa nouvelle belle-fille, se retira aussi avec elle ; et le roi, avec son conseil privé qu’il n’avait pas congédié, rentra dans la salle des séances, quoiqu’il fût beaucoup plus tard que de coutume. Heriot eut ordre de rester présent, mais sans qu’on lui expliquât le motif qui rendait sa présence nécessaire.



CHAPITRE XXXIII.

L’OREILLE DU ROI JACQUES.


Je ferai l’écouteur aux portes.
Shakspeare. Richard III. Act. V, sc. 3.


Jacques ne se fut pas plus tôt assis de nouveau à la table du conseil, qu’il commença à s’agiter sur son siège, à tousser, à se moucher, et à indiquer par d’autres signes encore qu’il se préparait à faire un long discours. Les membres du conseil se recueillirent pour l’écouter avec le degré d’attention convenable. Charles, aussi rigide observateur du décorum que son père y était indifférent, prit une attitude grave et roide, qui exprimait une respectueuse attention, tandis que l’orgueilleux favori, fort du pouvoir qu’il avait sur le père et le fils, s’étendit plus sans façon sur son siège, et en se donnant l’air d’écouter, semblait plutôt payer une dette au cérémonial que remplir un devoir.

« Je ne doute pas, milords, dit le monarque, que quelques-uns de vous n’aient songé que l’heure du dîner est passée, et qu’il est temps de demander, avec l’esclave de la comédie, Quid de symbolo ?… Cependant, rendre la justice et exécuter nos jugements, est pour nous un besoin non moins pressant que celui de manger et de boire. Maintenant donc, nous avons à vous prier de considérer dans votre sagesse l’affaire de ce jeune et malheureux lord Glenvarlorch, et de voir s’il est possible de faire quelque chose pour lui, d’accord avec l’honneur. — Je suis étonné que le jugement de Votre Majesté lui inspire cette question, dit le