Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/443

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mienne. — Cette ligne est sans doute la summa totalis, dit le roi. — Non pas, sire… La somme totale pourrait être en effet de quelque considération, même pour un roi écossais ; mais elle aurait eu pour moi peu d’attrait si je n’avais vu là un article qui me donne le pouvoir de me venger de la famille Glenvarloch, et m’apprend que cette pâle épouse, en me présentant le flambeau nuptial, me fournit le moyen de réduire en cendres la maison de sa mère. Qu’est-ce que cela ? s’écria le roi… que veut-il dire, Geordie ? — Cet obligeant citoyen, sire, dit lord Dalgarno, a dépensé une somme appartenant à milady, et maintenant à moi, pour acquérir une certaine hypothèque sur la terre de Glenvarloch, qui, n’étant pas remboursée demain à midi, me mettra en possession des beaux domaines de ceux qui se dirent jadis les ennemis de notre maison. — Est-ce bien possible ? demanda le roi. — Cela n’est que trop vrai, sire, répond le marchand. Lady Hermione ayant avancé l’argent au premier créancier, j’ai été obligé en tout honneur et toute conscience, de lui en transmettre les droits, et il est certain qu’ils passent maintenant à son mari. — Mais le mandat… le mandat que je lui ai donné sur notre trésorier… n’y avait-il pas là de quoi fournir au jeune homme le moyen de racheter ses biens ? — Malheureusement, sire, il l’a perdu, où il en a disposé… bref, il ne se trouve pas… C’est le plus malheureux jeune homme ! — « Voilà une belle affaire ! » dit le roi commençant à s’agiter dans l’appartement, et à jouer avec les aiguillettes de son pourpoint et de ses chausses d’un air de découragement… « Nous ne pouvons pas venir à son secours sans payer nos dettes deux fois, et dans l’état actuel de notre trésor, nous avons déjà bien de la peine à les payer une. — Vous m’apprenez là des nouvelles, dit lord Dalgarno ; mais je n’en abuserai pas. — Garde-t’en bien ! s’écria son père… Puisque tu dois être un scélérat, sois-le du moins avec courage ; venge-toi avec les armes d’un gentilhomme, et non avec celles d’un usurier. — Pardonnez-moi, milord, répliqua lord Dalgarno, la plume et l’encre sont maintenant mes plus sûrs moyens de vengeance ; et plus de terres ont été gagnées avec le parchemin de l’homme de loi qu’avec l’épée du guerrier… — Mais, comme je l’ai déjà dit, je ne veux pas abuser de ce que j’ai entendu. Je resterai en ville jusqu’à demain, près de Covent-Garden… si quelqu’un vient payer à mon procureur l’argent nécessaire au rachat de son bien, tant mieux pour lord Glenvarloch, sinon je prends le lendemain en poste la route du