Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/431

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bijoux ? — C’est ce que vous saurez dès le moment où vous m’amènerez le véritable propriétaire de l’argent, reprit Heriot ; il est important que je le connaisse sous plus d’un rapport. — Alors je vais retourner auprès de Sa Majesté, dit gravement Richie, et lui redemander l’argent ou le gage, car j’ai pleins pouvoirs d’agir dans cette affaire. — Cela peut être, Richie, objecta le marchand, et cela peut aussi n’être pas, car vos histoires ne sont pas paroles d’évangile ; et soyez assuré que j’y verrai clair avant de vous payer une si grosse somme d’argent. Je vous donnerai une reconnaissance, et vous la tiendrai prête pour le remboursement au premier avis ; mais, mon bon Richard Moniplies de Castle-Collop, près du West-Port d’Édimbourg, excusez-moi si je vous laisse, étant obligé de retourner auprès de Sa Majesté pour des affaires majeures. » En parlant ainsi, et montant l’escalier pour rentrer au palais, il ajouta, comme par manière de résumé : « George Heriot est un trop vieux coq pour se laisser prendre avec de la paille. »

Richie resta pétrifié quand il le vit rentrer dans le palais, et se trouva en quelque sorte pris au piège. « Que la peste l’étouffe ! dit-il : parce que c’est un honnête homme lui-même, faut-il qu’il agisse avec tous les autres comme s’ils étaient des fripons ? mais que le diable m’emporte s’il parvient à me jouer ! Dieu me soit en aide ! ne voilà-t-il pas Laurie qui vient à son tour, et qui va me tourmenter au sujet de la supplique… Je n’attendrai pas, de par saint André ! »

En parlant ainsi, et changeant la démarche fière qu’il avait prise le matin contre un pas gêné et honteux, il alla regagner sa barque avec une rapidité qui, pour employer la phrase usitée, ressemblait beaucoup à une fuite.



CHAPITRE XXXII.

LE MARIAGE ET LA SÉPARATION.


Benedict… Voilà qui ne ressemble guère à une noce.
Shakspeare. Beaucoup de bruit pour rien.


Maître George Heriot ne fut pas plus tôt rentré dans l’appartement du roi, que Jacques s’informa si le comte de Huntinglen était présent ; sur la réponse affirmative, il ordonna qu’il fût introduit. Le vieux lord écossais ayant salué de la manière accoutumée, le roi lui donna sa main à baiser, et lui parla en ces termes, d’un ton grave et mêlé de compassion :