Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/425

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riot, dit-il, si je me le rappelle bien, nous avons remis entre vos mains certains bijoux de la couronne pour une certaine somme d’argent, est-ce vrai ou non ? — Mon très-gracieux souverain, répondit Heriot, il est incontestable qu’il a plu à Votre Majesté d’en agir ainsi. — Desquels bijoux et cimelia, » reprit le roi avec le même ton de gravité, « la propriété nous restait, excepté cependant que nous étions tenu à rembourser l’argent que vous aviez avancé, lequel remboursement ayant lieu, nous rendait notre droit de possession à l’objet engagé ou mis en garantie. Voëtius, Vinius, Groenwigeneus, Pageustecherus, et tous ceux qui ont traité de contractu oppignerationis consentiunt in idem, s’accordent sur ce point ; le droit romain, le droit coutumier d’Angleterre, le droit municipal de notre ancien royaume d’Écosse, quoiqu’ils différent sur d’autres articles plus souvent que je ne le voudrais, s’accordent aussi exactement sur celui-ci que les trois cordons qui composent une corde. — N’en déplaise à Votre Majesté, répondit Heriot, il n’y a pas besoin de tant d’autorités savantes pour prouver à un honnête homme que ses droits sur un objet donné en gage cessent au moment où l’argent qu’il a prêté dessus lui est remboursé. — Eh bien, monsieur, je vous offre la restitution de la somme prêtée, et je vous demande de remettre en ma possession les bijoux que je vous ai engagés. Je vous ai l’ait entendre, il y a peu de temps, qu’ils allaient me devenir essentiels ; car il est probable que les événements qui se préparent vont nous obliger à nous montrer en public, et il serait étrange que nous ne parussions pas avec ces ornements, qui sont la propriété de la couronne, et dont l’absence serait dans le cas de nous attirer le mépris et les soupçons de nos fidèles sujets. »

Maître Heriot parut fort troublé à ces paroles de son souverain, et répondit avec émotion : « Je prends le ciel à témoin que je suis complètement innocent dans cette affaire, et je perdrais avec joie la somme prêtée pour pouvoir rendre à Votre Majesté les bijoux dont elle déplore si justement la perte. S’ils fussent restés entre mes mains, il me serait facile d’en rendre compte ; mais Votre Majesté se souviendra que, d’après son ordre exprès, je les avais transmis à une autre personne, qui m’avança une grosse somme d’argent vers le temps de mon départ pour Paris. Le besoin de cet argent était pressant, et il ne se présenta à moi aucun autre moyen de l’obtenir. Je dis à Votre Majesté, lorsque