Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/408

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de l’entendre ; « oui, vraiment, j’ai été bien fou de m’attacher à une cour aussi mesquine que celle-ci, tandis que des hommes de talent et de courage ont fait fortune dans tous les coins de l’Europe. Mais ici on a de la peine à réussir, à moins qu’on ne porte une grosse clef à son côté, » ajouta-t-il en regardant sir Édouard, « ou qu’on ne puisse battre avec un marteau sur un plat d’étain. Sir Édouard et milady, je vous présente mes respects… je vous souhaite le bonjour, maître Heriot ; et quant à cette petite écervelée, si vous voulez suivre mon conseil, mortifiez-la par le jeûne et par l’emploi modéré de la discipline, et ce sera le meilleur remède à ses accès d’extravagance. — Si vous vous proposez d’aller à Greenwich, dit le lieutenant, je puis vous en épargner la peine, car le roi va se rendre immédiatement à White-Hall. — C’est sans doute pour cela que le conseil est convoqué si fort à la hâte, reprit sir Mungo. Eh bien, avec votre permission, j’irai voir ce pauvre Glenvarloch pour lui donner quelque consolation. »

Le lieutenant parut réfléchir, et garda un moment le silence d’un air irrésolu.

« Le pauvre garçon a besoin d’un compagnon pour le distraire, et lui apprendre le genre de peine qu’il doit subir, ainsi que d’autres détails nécessaires. Je ne le quitterai pas que je ne lui aie complètement démontré de quelle manière il s’est perdu de fond en comble, combien est déplorable son état actuel, et le peu d’espoir qu’il a de l’améliorer. — Eh bien, sir Mungo, reprit le lieutenant, si vous pensez réellement que tout ceci soit très-consolant pour le jeune lord, je vais vous faire conduire par un garde. — Et moi, dit George Heriot, je supplierai humblement lady Mansel de vouloir bien prêter à cette jeune étourdie quelque robe d’une de ses suivantes, car je serais un homme perdu de réputation si l’on me rencontrait dans Lower-Hill avec elle sous ce costume extravagant, quoique je sois forcé d’avouer qu’il n’aille pas trop mal à cette petite sotte. — Je vous ferai reconduire tout de suite dans ma voiture, répondit l’obligeante lady. — Ma foi, madame, puisque vous voulez bien nous faire cet honneur, j’accepte avec reconnaissance votre politesse, dit le vieil orfèvre, car j’ai des affaires qui me pressent fort, et la matinée s’est déjà écoulée sans que j’aie rien fait. »

La voiture transporta en peu de temps le digne marchand et sa pupille dans sa maison de Lombard-Street. Il apprit en arrivant