Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/404

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cette affaire ; mais notre maître, Dieu le bénisse ! est tranquille et sage ; c’est un véritable Salomon en toutes choses, excepté sur le chapitre des femmes et des concubines. — Je ne sais pas ce que vous voulez dire, monsieur, reprit Marguerite. Sa Majesté eut pour moi toute compassion et toute bonté ; mais elle dit qu’il fallait que je vinsse ici, et que la femme du lieutenant, lady Mansel, aurait soin de moi, et veillerait à ce que je fusse bien traitée. Le roi promit de m’y envoyer dans une barque couverte, et sous la conduite d’une personne bien connue de vous ; et c’est de cette manière que je fus amenée à la Tour. — Mais comment et pourquoi vous trouvez-vous dans cet appartement, la belle ? expliquez-moi cela, car il me semble que cette énigme a besoin d’être éclaircie. — Je ne puis pas l’expliquer autrement qu’en vous disant, monsieur, que lady Mansel persista à m’y envoyer, en dépit de mes prières, de mes larmes et de mes instances. Je n’avais rien à craindre, car je savais que je serais protégée ; mais je me sentais, je me sens encore prête à mourir de honte. — Eh bien ! si vos larmes sont sincères, le souvenir de votre faute en sera plus tôt effacé. Votre père connaît-il votre escapade ? — Je ne voudrais pas, pour rien au monde, qu’il la sût ; il me croit avec lady Hermione. — Oui, oui, l’honnête David s’entend mieux à régler ses horloges que sa famille… Allons, mademoiselle, je vais vous reconduire près de lady Mansel, et je la prierai d’avoir la bonté, lorsqu’on lui confie une jeune fillette, de ne pas la donner en garde au renard. Les gardes nous laisseront bien passer jusqu’à l’appartement de milady, j’espère ? — Arrêtez un seul moment, dit lord Glenvarloch : quelque mauvaise opinion que vous ayez conçue de moi, je vous le pardonne, car le temps vous prouvera qu’elle était injuste, et vous-même, j’en suis sûr, serez le premier à regretter l’injure que vous m’avez faite. Mais que vos soupçons ne s’étendent pas jusque sur cette jeune personne, dont les anges eux-mêmes attesteraient la pureté. J’ai remarqué chacun de ses gestes, de ses regards, et tant que je respirerai, je ne cesserai de penser à elle avec… — Ne pensez pas à elle du tout, milord ; c’est, je crois, la plus grande grâce que vous puissiez lui faire, ou ne pensez à elle que comme à la fille de David Ramsay : elle n’est pas faite pour être l’objet d’aventures romanesques et de beaux compliments dans le style de l’Arcadie. Je vous souhaite le bonjour, milord ; croyez cependant que je ne suis pas tout à fait aussi dur que mes paroles ont pu vous le faire croire… Si je