Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/388

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vous avez été dans l’Alsace, où vous avez appris le jargon des spadassins et des fanfarons. Mais, je le répète, vous avez dit une fausseté en niant que vous connussiez la faute de ma femme ; car lorsque vos camarades de débauche vous plaisantaient à cet égard, Votre Seigneurie s’en amusait le premier, et ne repoussant en aucune façon l’honneur qu’ils lui attribuaient, se faisait auprès d’eux un mérite de sa galanterie et de sa reconnaissance. »

Il y avait dans cette partie de l’accusation un mélange de vérité qui déconcerta extrêmement lord Glenvarloch ; car il ne pouvait pas, comme homme d’honneur, nier que lord Dalgarno et d’autres personnes ne l’eussent quelquefois plaisanté au sujet de dame Nelly ; quoiqu’il ne se fût pas montré tout à fait le fanfaron des vices qu’il n’avait pas, cependant il sentait qu’il s’était défendu trop faiblement contre le soupçon d’un crime qui, aux yeux de ses amis, devait augmenter sa considération. Ce fut donc avec quelque hésitation et d’un ton plus humble qu’il confessa avoir entendu en effet quelques plaisanteries insignifiantes sur cette supposition, quoiqu’elle n’eût aucune apparence de vérité… John Christie ne voulut pas prêter plus long-temps l’oreille à sa justification.

« Vous convenez, dit-il, que vous avez permis qu’on fît en plaisantant des mensonges sur ce sujet ; comment puis-je savoir que vous dites la vérité, maintenant que vous êtes sérieux ? Vous pensiez sans doute que c’était une belle chose que de vous donner la réputation d’avoir déshonoré une honnête famille… Qui ne pensera que vos lâches bravades avaient un fondement de vérité ? Moi, d’abord, tout le premier, je vous en préviens ; c’est pourquoi, milord, écoutez-moi : vous êtes vous-même en ce moment dans l’embarras et le malheur ; par l’espoir que vous avez d’en sortir heureusement, et de sauver vos jours et vos biens, dites-moi où est cette malheureuse ; dites-le-moi, si vous espérez dans le ciel, si vous redoutez l’enfer, si vous voulez éviter que la malédiction d’une femme entièrement perdue et d’un homme que vous avez réduit au désespoir, vous poursuive pendant votre vie, et vous accuse après votre mort. Vous êtes ému, milord, je le vois ; je ne puis oublier le mal que vous m’avez fait, je ne puis même promettre de le pardonner… mais dites-moi où elle est, et vous ne me reverrez plus, et vous n’entendrez plus de ma part aucun reproche. — Homme malheureux ! répondit lord Glenvarloch, vous en avez dit assez et plus qu’il n’en fallait pour m’émouvoir. Si j’étais en liberté, je vous prêterais tout mon secours