Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/338

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sonne présente que lord Glenvarloch, il lui demanda si elle ne soupçonnait personne en particulier d’avoir commis ce meurtre.

« Et vous, ne soupçonnez-vous personne ? » lui demanda Martha en le regardant fixement.

« Il est possible que oui, mademoiselle ; mais c’est à moi à faire des questions, et à vous d’y répondre : telle est la règle ordinaire. — Eh bien donc, je soupçonne celui qui portait cette ceinture : ne savez-vous pas qui je veux dire ? — Ma foi, si vous me le demandez sur l’honneur, je serai forcé de vous répondre que j’en ai vu une semblable au capitaine ; et ce n’était pas un homme à changer souvent de coutume. — Envoyez donc à sa poursuite, et faites-le arrêter, dit Martha. — Si c’est lui, il doit être bien loin à cette heure ; mais j’en rendrai compte aux autorités supérieures, répliqua le juge. — Vous voudriez qu’il s’échappât, » reprit-elle en le regardant d’un air sombre.

« Sur ma parole, répondit Hildebrod, s’il dépendait de moi, ce misérable coupeur de gorge serait pendu à un gibet aussi haut que celui d’Aman ; mais laissez-moi le temps…. Il a des amis parmi nous, c’est ce que vous savez bien ; et ceux qui devraient m’assister sont aussi soûls que des ménétriers ! — Je veux avoir vengeance, et je l’aurai, répéta-t-elle : prenez garde surtout à ne pas vous jouer de moi. — Me jouer de vous ! j’aimerais mieux essayer de me jouer d’une ourse au moment où l’on vient de la lancer… Veuillez seulement avoir patience, et nous l’aurons. Je connais tous les repaires qu’il fréquente ; il ne peut s’en éloigner longtemps, et j’aurai soin de lui dresser des pièges… Vous ne pouvez manquer d’avoir justice, mademoiselle, car vous avez les moyens de vous la procurer. — Ces moyens m’aideront à récompenser ceux qui m’aideront dans ma vengeance. — Cela suffit ; et maintenant je voudrais vous décider à venir chez moi et à prendre quelque chose de chaud ; vous serez bien tristement, toute seule ici. — Je vais envoyer chercher la vieille femme de ménage ; et nous avons d’ailleurs le gentilhomme étranger. — Hem ! hem ! le gentilhomme étranger, » fit Hildebrod à Nigel en le tirant à part : « je crois que le capitaine aura fait la fortune du gentilhomme étranger en voulant faire la sienne par ce coup désespéré. Je ferai savoir une chose à Votre Honneur, puisqu’il ne faut pas dire Votre Seigneurie : je crois vraiment que c’est moi qui ai involontairement poussé ce lâche coquin à tenter ce vilain jeu, en lui faisant entendre quelque chose du conseil que je vous ai donné