Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/337

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faire rouler. Il parut très frappé de ce qu’il vit ; aussi sa manière de procéder en prit plus de régularité et de décence qu’on ne l’aurait jugé capable d’en montrer dans aucune occasion. La fille de l’usurier fut d’abord interrogée, et elle déposa avec une exactitude et une clarté étonnantes de quelle manière elle avait été effrayée par le bruit d’une lutte violente dans l’appartement de son père, et ce d’autant plus soudain qu’elle le veillait à cause des inquiétudes que lui inspirait sa santé. En entrant elle avait vu son père succombant aux attaques de deux hommes sur lesquels elle s’était élancée avec toute la fureur dont elle était capable : comme leurs figures étaient noircies et leurs personnes déguisées, elle ne put répondre que, dans l’agitation du moment, elle eût reconnu ces individus. Depuis ce moment elle ne se souvenait plus bien distinctement que d’avoir entendu décharger des armes à feu ; après quoi elle se trouva seule avec son hôte, et vit que l’un des deux scélérats s’était échappé.

Lord Glenvarloch rapporta les circonstances dont il avait été témoin, à peu près de la même manière que nous les avons présentées au lecteur. Les dépositions directes ayant été faites de cette manière, Hildebrod examina les lieux. Il découvrit que les brigands étaient entrés par la même croisée au moyen de laquelle celui qui avait survécu s’était échappé. Cependant il parut étrange qu’ils en fussent venus à bout, cette croisée étant garnie de larges barres de fer que le vieux Traphois avait l’habitude de fermer à la nuit tombante. Il constata soigneusement l’état de l’appartement, et examina avec attention les traits du voleur mort. Il était vêtu comme un matelot du plus bas degré, mais sa figure n’était connue d’aucun de ceux qui étaient présents. Hildebrod envoya chercher un chirurgien de l’Alsace, qui, par ses vices, ayant perdu tous les avantages qu’il aurait pu retirer de ses connaissances, était réduit à exercer misérablement son état dans le sanctuaire. Hildebrod lui enjoignit d’examiner les cadavres, et de faire un rapport sur la manière dont il semblait probable que ces deux individus avaient reçu la mort. La circonstance de l’écharpe n’échappa point au savant magistrat ; et ayant écouté tous les détails et tous les renseignements qu’on put lui donner à ce sujet, et recueilli les particularités des dépositions qui avaient trait au meurtre, il ordonna que la porte de cette chambre fût fermée jusqu’au lendemain matin. Emmenant la malheureuse fille de la victime dans la cuisine, où il n’y avait d’autre per-