Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/317

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des liqueurs ; je ne parle jamais d’affaires la bouche sèche. Diable, comme elle tarde ! Je gagerais qu’elle y goûte en chemin, et puis vous croirez qu’on ne vous a pas donné votre mesure. En attendant, voyez-moi ce chien-là… regardez bien Belzéhuth en face, et dites-moi si vous avez jamais vu une plus belle bête. Il n’a jamais de sa vie sauté qu’à la tête de l’ennemi. »

Et après ce panégyrique, il entama une histoire d’un chien et d’un taureau, qui menaçait de ne pas être des plus courtes, quand il fut interrompu par le retour de la vieille femme et de ses deux garçons, portant les différentes espèces de liqueurs qu’il avait demandées, ce qui était probablement le seul genre d’interruption qu’il pût supporter avec résignation.

Quand les tasses et les pots eurent été bien arrangés sur la table, et quand Deborah, que la générosité ducale honora d’un sou de gratification, se fut retirée avec ses satellites, le digne potentat, après avoir d’abord invité légèrement lord Glenvarloch à prendre sa part des liqueurs qu’il devait payer, et protesté qu’à l’exception de trois œufs pochés, d’une pinte de bière et d’un verre de vin de Bordeaux, il était tout à fait à jeun, se mit sérieusement à l’œuvre. Glenvarloch avait vu des lairds écossais et des bourgmestres hollandais se livrer à leurs libations ; mais leurs exploits, quoique les uns et les autres pussent être considérés comme appartenant à une race des plus altérées, n’étaient rien en comparaison de ceux du duc Hildebrod, qui ressemblait absolument à un banc de sable, capable d’absorber une quantité quelconque de liquide sans en être fertilisé ou inondé. Il avala l’ale pour apaiser une soif qui, disait-il, lui donnait la fièvre du matin au soir et du soir au matin, but le vin pour corriger la crudité de l’ale, et envoya la liqueur retrouver le vin pour faire passer le tout, déclarant ensuite que probablement il ne boirait plus qu’après midi, à moins que ce ne fût pour faire plaisir à quelque ami particulier. Enfin il annonça qu’il était prêt à expliquer l’affaire qui l’avait amené si matin ; ce que Nigel l’engagea de faire, quoiqu’il ne pût s’empêcher de penser que le but le plus important de la visite du duc Hildebrod était déjà rempli.

Lord Glenvarloch se trompait cependant. Hildebrod, avant de commencer ce qu’il avait à dire, se mit à examiner avec soin l’appartement, mettant de temps en temps le doigt sur sa bouche et clignotant de son œil unique en regardant Nigel, tandis qu’il ouvrait et fermait les portes, levait la tapisserie qui cachait en