Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/306

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sieur, et vous assurer que tout y est bien. Je suis un honnête homme, et votre cassette sort de mes mains comme elle y est entrée… Puissiez-vous la conserver long-temps intacte ! cela dépendra désormais de vos propres soins ; mais je ne voudrais pas que ma réputation souffrît des accidents qui pourraient survenir. »

Pour satisfaire les scrupules du messager, lord Glenvarloch ouvrit la cassette en sa présence ; il vit que sa petite provision d’argent avec deux ou trois papiers importants, et surtout l’ordonnance du roi, étaient encore comme il les avait mis. À la prière de cet homme, il profita aussi du papier et des plumes qu’il y trouva pour écrire un billet à maître Lowestoffe, dans lequel il déclarait qu’il avait reçu ses effets en bon état. Il y ajouta quelques lignes de remercîments pour les services que Lowestoffe lui avait rendus, et au moment où il cachetait son billet et le remettait au commissionnaire, son vieil hôte entra dans la chambre… Son habillement noir tout râpé était ajusté avec un peu plus de soin que lorsqu’il avait paru le matin dans son premier déshabillé ; ses nerfs et sa tête paraissaient aussi un peu plus fermes ; car sans être trop interrompu par sa toux, il invita Nigel à prendre avec lui le coup du matin : c’était une mesure d’une petite ale très-saine, qu’il apportait d’une main, dans un grand pot de cuir, tandis que de l’autre il la remuait avec une branche de romarin, ce qui, suivant le vieillard devait lui donner du parfum.

Nigel repoussa poliment cette attention, et tâcha de faire entendre qu’il désirait ne pas être dérangé dans son appartement, ce qu’il avait d’autant plus le droit d’exiger que lui-même avait été fort mal reçu le matin pour avoir pénétré dans la chambre de son propriétaire. Mais la cassette ouverte contenait des choses ou plutôt un métal d’une vertu si attractive pour le vieux Traphois, que, semblable à un chien d’arrêt, il restait là fixé, le nez en l’air, et une main étendue comme la pâte que cet intelligent animal tient levée pour indiquer que c’est un lièvre qu’il sent. Nigel était sur le point de rompre le charme qui attirait ainsi le vieux Traphois en fermant le couvercle de la cassette, lorsque son attention fut détournée par la question du messager qui tenant toujours la lettre à la main, lui demanda s’il fallait la laisser au logement de maître Lowestoffe dans le Temple, ou la lui porter à la prison de la Marshalses[1].

« À la Marshalses ! répéta lord Nigel, et pourquoi donc ? —

  1. Très-ancienne prison de Londres, dans le quartier de la Cité dit le Borough. a. m.