Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/303

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de cette manière ; si vous êtes réellement un homme bien élevé, vous vous retirerez dans votre appartement. — Je ne m’arrêterai pas un moment, » répondit Nigel, qui sentait que les circonstances rendaient excusable l’incivilité de la vieille fille ; « je ne voulais que vous demander s’il y avait du danger à se procurer les services d’un domestique mâle dans ce lieu. — Jeune homme, dit Martha, il faut que vous connaissiez bien peu White-Friars pour faire cette question. Nous vivons seuls dans cette maison, et il est rare qu’un étranger y mette le pied… vous-même, pour parler franchement, n’y seriez pas entré si ma volonté avait été consultée. Regardez la porte… voyez si celle d’un château peut-être plus solide… Les croisées du premier étage sont grillées au dehors, et dans l’intérieur remarquez ces volets. »

Elle en poussa un, et montra un appareil formidable de barres et de chaînes destinées à les fermer, tandis que son père, se pressant à ses côtés, et la saisissant par sa robe d’une main tremblante, lui dit à voix basse : « Ne lui montrez pas le secret pour les ouvrir et les fermer ; ne lui montrez pas le secret, Martha, pour aucune con-si-dé-ra-ti-on. » Martha continua sans lui donner la moindre attention.

« Et cependant, jeune homme, plus d’une fois nous nous sommes vus dans le cas de craindre que ceci ne suffît pas pour protéger nos vies… tant nous avons à redouter l’effet qu’a produit sur la race perverse qui nous entoure le bruit fatal des richesses de mon pauvre père ! — Ne parle pas de cela, ma fille… dit le vieil avare, irrité par la seule supposition qu’il possédât quelques richesses ; « ne parle pas de cela, ou je te battrai… oui, je te frapperai de mon bâton, pour t’apprendre à inventer des mensonges qui finiront par nous faire couper le cou… Je ne suis qu’un pauvre homme, » continua-t-il en se tournant vers Nigel, « un très-pauvre homme, disposé à rendre tout honnête service pour la plus petite con-si-dé-ra-ti-on. — Je vous avertis, en conséquence, de la vie que vous devez mener, jeune homme, reprit Martha : la pauvre femme qui fait notre ménage vous aidera en ce qu’elle pourra ; mais le sage n’a pas de meilleur serviteur que lui-même. — C’est une leçon dont je vous remercie, madame ; je l’étudierai assurément à loisir. — Vous ferez bien ; et comme vous avez l’air reconnaissant des avis qu’on vous donne, quoique en général je ne prodigue mes conseils à personne, cependant je vous donnerai encore ceux-ci : Ne contractez aucune liaison à