Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/267

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pourrait être dangereuse et peu convenable à votre sexe. — Croyez à mon serment, très-chère dame, s’écria la suppliante ; je n’agirai dans tout ceci qu’au moyen des autres, et ne veux paraître personnellement dans aucune entreprise dangereuse ou peu convenable à mon sexe. — Je ne sais que faire, dit lady Hermione. Il est peut-être imprudent, inconsidéré à moi de vous aider dans un projet si extravagant ; cependant le but me semble honorable, si les moyens sont sûrs… Quel est le châtiment auquel il est réservé s’il est pris ? — Hélas ! hélas ! la perte de sa main droite, » répondit Marguerite, la voix étouffée de sanglots.

« Les lois d’Angleterre sont-elles donc si cruelles ? Alors il n’y a de miséricorde que dans le ciel, puisque même dans ce pays de liberté les hommes sont les uns pour les autres des loups dévorants… Calmez-vous, Marguerite, et dites-moi quelle est la somme nécessaire pour sauver lord Glenvarloch. — Deux cents livres sterling. Je parlerais de vous les rendre, et j’en aurai un jour le moyen, si je ne savais, c’est-à-dire si je ne croyais que Votre Seigneurie est indifférente sur ce sujet. — N’en dites pas davantage : appelez ici Monna Paula. »



CHAPITRE XX.

CONFIDENCE POUR CONFIDENCE.


Croyez-moi, ami, il en a été ainsi depuis que l’arche de Noé se reposa sur le mont Ararath : l’homme trompeur a fait des serments, et la femme confiante les a crus ; trahie, elle se livre au repentir et aux reproches, et se laisse tromper de nouveau.
Le Nouveau Monde.


Au moment où Marguerite revint avec Monna Paula, lady Hermione achevait d’écrire quelque chose sur une petite feuille de papier qu’elle donna à sa suivante.

« Monna Paula, dit-elle, portez ce papier à Roberts le caissier : qu’il vous remette la somme que je lui demande, et rapportez-la-moi tout de suite. — Je ne sais, Marguerite, si j’ai raison d’agir comme je le fais dans cette affaire… Ma vie s’est écoulée dans la retraite, et j’ignore entièrement les usages de ce monde, ignorance à laquelle je ne puis remédier par la seule lecture. Je crains, en cédant à vos instances, de faire une démarche qui vous soit contraire, contraire peut-être aussi aux lois du pays qui m’accorde un asile, cependant, je l’avoue, il y a quelque chose dans mon cœur qui ne peut résister à vos prières. — Oh ! écoutez-les,