Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/265

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« Mais par quels moyens, ajouta-t-elle, avez-vous pu arriver à la connaissance des vues secrètes d’un homme aussi prudent, aussi dissimulé que lord Dalgarno… que les scélérats le sont ordinairement ? — Permettez-moi de garder le secret là-dessus, madame, dit la jeune fille, je ne pourrais vous rapprendre sans trahir celui des autres… Qu’il vous suffise de savoir que ces renseignements sont aussi exacts que la source en est secrète. Mais je ne puis dire, même à vous, comment je les ai obtenus. — Vous êtes bien hardie, Marguerite, de vous servir de tels moyens d’intrigue, jeune comme vous l’êtes… non seulement ils sont dangereux, mais encore peu convenables pour une personne de votre âge et de votre sexe. — Je savais que vous me diriez aussi cela, » répondit Marguerite avec plus de douceur et de patience qu’elle n’en montrait ordinairement en recevant une réprimande ; « mais Dieu sait que mon cœur n’a d’autre sentiment que le désir de sauver l’homme le plus innocent et le plus indignement trahi ! Je trouvai moyen de lui donner avis de la perfidie de son ami. Hélas ! cette précaution n’aura fait que hâter sa perte, à moins qu’on ne puisse lui porter de prompts secours. Il reprocha à son faux ami sa trahison, et tira son épée contre lui dans le parc ; le voilà maintenant exposé à la peine fatale décrétée contre ceux qui violent les privilèges du palais du roi. — Voilà en effet une histoire bien extraordinaire, dit lady Hermione. Et lord Glenvarloch est-il donc en prison ? — Non, madame, Dieu merci ; il s’est réfugié dans le sanctuaire de White-Friars : mais il est douteux que ce lieu soit pour lui un asile sûr dans un pareil cas : on parle d’un mandat d’arrêt du lord grand-justicier. Un étudiant du Temple a été arrêté, et se trouve dans l’embarras pour l’avoir aidé dans sa fuite. Le refuge temporaire où l’a jeté son extrême danger va servir à le diffamer davantage… Je sais tout cela, je le sais ; et cependant je ne puis le sauver, je ne le puis que par votre assistance. — Par mon assistance, jeune fille ! vous perdez l’esprit : quels moyens puis-je avoir dans ma retraite de secourir ce malheureux lord ? — Vous en avez, madame, » reprit vivement Marguerite ; « vous avez ces moyens qui font tout réussir dans cette grande ville et dans le monde entier ; vous possédez des richesses : la disposition d’une très-petite portion de ces richesses peut me rendre facile de le sauver du péril où il est… Il recevra, avec les moyens de s’échapper, des avis sur la manière d’effectuer sa fuite et je… — Et vous l’accompagnerez sans doute, et recueil-