Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/253

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berté profane qui leur était rendue. Lady Foljambe trouva moyen de leur taire arranger en secret (car elle craignait que Henri ne lui sût mauvais gré de son intervention) un appartement composé de quatre pièces de plain-pied, avec un petit cabinet disposé en oratoire. Cet appartement était fermé par une épaisse porte de bois de chêne, qui en excluait les étrangers, et on y fit faire un tour pour passer les provisions nécessaires, comme cela se pratiquait dans tous les couvents. L’abbesse de Sainte-Roque et ses compagnes passèrent un grand nombre d’années dans cette retraite, ne communiquant qu’avec lady Foljambe, qui, en vertu de leurs prières et de l’appui qu’elle leur donnait, ne se croyait guère moins qu’une sainte sur la terre. L’abbesse, heureusement pour elle, mourut avant sa généreuse protectrice, qui vécut encore long-temps sous le règne d’Élisabeth.

Lady Foljambe fut remplacée dans cette maison par un chevalier rude et fanatique, son parent éloigné et son héritier collatéral, qui se fit un mérite de chasser ces prêtresses de Baal. De ces deux pauvres religieuses, bannies de leur ancienne retraite, l’une passa la mer ; l’autre, incapable par son grand âge d’entreprendre un tel voyage, mourut sous l’humble toit d’une veuve catholique d’une condition commune. Sir Paul Crambagge, s’étant débarrassé des religieuses, dépouilla la chapelle de ses ornements, et songeait à détruire totalement cet appartement, lorsqu’il fut arrêté par une réflexion : ce serait une dépense tout à fait inutile, puisqu’il n’occupait que trois pièces de cette vaste maison, et n’avait aucun besoin d’ajouter à son logement. Son fils était un dissipateur, et ce fut de lui que maître George Heriot acheta cette maison. L’ayant, ainsi que sir Paul, trouvée suffisamment grande pour se loger avec sa famille, il laissa l’appartement Foljambe ou Sainte-Roque, car c’était le nom qu’on lui donnait indistinctement, dans l’état où il l’avait trouvé.

Deux ans et demi environ avant l’époque où commence notre histoire, Heriot, étant allé faire un voyage sur le continent, envoya ordre exprès à sa sœur et son caissier de faire arranger et meubler l’appartement Foljambe convenablement, quoique avec simplicité, afin qu’il fût en état de recevoir une dame qui devait l’occuper pendant quelque temps, et qui vivrait plus ou moins avec sa famille, selon qu’il lui serait agréable. Il ordonnait aussi que les réparations nécessaires fussent faites secrètement et qu’on parlât le moins possible du sujet de sa lettre.