Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/249

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lord Glenvarloch qu’il allait loger dans la seule maison de White-Friars qui fût un peu propre, avantage qu’elle devait entièrement à l’activité de la fille unique de l’avare, vieille demoiselle assez laide pour effrayer le péché, mais qui serait probablement assez riche pour tenter un puritain, aussitôt que le diable aurait hérité de l’âme de son père. Comme Lowestoffe parlait ainsi, ils arrivèrent à la porte de la maison, et la figure sévère et repoussante de la femme qui leur ouvrit la porte confirma pleinement ce que l’étudiant venait de dire à Nigel de son hôtesse. Elle reçut avec l’expression du mécontentement et de la mauvaise humeur la nouvelle que lui annonça le jeune étudiant, en lui apprenant que le gentilhomme qui l’accompagnait allait devenir le locataire de son père, et murmura quelques mots sur l’embarras que cela lui donnerait ; cependant, elle finit par montrer à l’étranger un appartement plus commode qu’il ne s’y était attendu d’après l’aspect de la maison, et beaucoup plus grand, quoique moins élégant, que celui qu’il avait occupé sur le quai Saint-Paul.

Lowestoffe ayant vu son ami bien installé dans son nouvel appartement, et lui ayant fait apporter la carte d’un traiteur voisin, pour qu’il connût la manière dont il pourrait vivre en cet endroit, prit congé du jeune lord, en lui offrant de lui envoyer les effets qu’il avait laissés dans son ancien domicile, ou du moins ceux qu’il lui désignerait. Nigel demanda fort peu de chose, et l’étudiant ne put s’empêcher de remarquer que Sa Seigneurie ne paraissait pas avoir l’intention de jouir long-temps de ses nouveaux privilèges.

« Ils sont trop peu d’accord avec mes habitudes et mes goûts, » répondit lord Glenvarloch.

« Peut-être serez-vous demain d’un autre avis, milord, reprit Lowestoffe ; mais, pour le moment, je vais vous souhaiter le bonsoir. Je reviendrai demain de bonne heure. »

Le lendemain vint ; mais, au lieu de l’étudiant, ce fut une lettre de lui qui arriva. Elle apprenait à Nigel que les visites de Lowestoffe en Alsace lui avaient attiré l’animadversion de quelques-uns des vieux censeurs de son ordre, et qu’il croyait prudent de les discontinuer pour le moment, afin de ne pas exciter l’attention sur la résidence de lord Glenvarloch. Il lui mandait qu’il avait pris des mesures pour mettre ses effets en sûreté, et qu’il lui enverrait, par un homme de confiance, la cassette où il gardait son argent, ainsi que les objets dont il pourrait avoir besoin. Suivaient