Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/245

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ment à un coup de plat d’épée donné dans l’enceinte du parc ; que le sanctuaire ne pouvait pas protéger le coupable dans un cas de ce genre ; que pour un pareil fait le vieux chef du royaume britannique ferait balayer l’Alsace, depuis le Strand jusqu’à la rivière, et que la politique exigeait qu’on réfléchît aux maux qui pouvaient résulter pour la république de l’asile accordé à un étranger dans de pareilles circonstances. »

Le capitaine, qui s’était agité sur sa chaise avec impatience pendant ce discours, s’élança sur ses pieds avec l’impétuosité d’un bouchon qui saute au plafond, chassé par une bière pétillante, et relevant sa moustache d’un air martial, jeta un regard de mépris sur le procureur et le ministre, en exprimant son opinion dans ces termes :

« Très-noble duc Hildebrod, quand j’entends des propositions aussi basses, aussi lâches, venir des conseillers de Votre Grâce, et quand je me rappelle les Huffs, les Muns, et les Tytyretu, par qui les ancêtres et les prédécesseurs de Votre Grâce furent conseillés dans de semblables occasions, il me semble que toute vigueur et toute énergie est aussi éteinte dans l’Alsace que dans ma grand’mère ; et cependant, qui dirait cela en aurait menti par la gorge, puisque je me fais fort de trouver assez de bons garçons dans les White Friars pour défendre nos libertés contre tous les suppôts de Westminster… Et d’ailleurs, si nous avions un moment le dessous, merci de ma vie, n’aurions-nous pas le temps d’envoyer ce gentilhomme par eau, soit au jardin de Paris, soit du côté de la Banque ?… Et, si c’est un vrai brave, nes aura-t-il pas nous dédommager de la peine qu’il nous donnera ? Que d’autres sociétés existent par les lois ; je le répète, nous autres bons garçons de la flotte, nous vivons en dépit d’elles, et nous ne sommes jamais plus florissants que quand nous sommes en opposition directe avec les assignations et les mandats, les ordonnances et les contraintes, les huissiers, les reeors et les baillis. »

Ce discours fut suivi d’un murmure d’approbation, et Lowestoffe, se hâtant de porter le dernier coup pendant que durait cette impression favorable, rappela au duc et à son conseil combien la sécurité de son état dépendait de leur bonne intelligence avec les habitants du Temple, qui, en fermant leurs portes, pouvaient, à leur gré, priver les Alsaciens de toute communication de ce côté. Il ajouta que, d’après la manière dont ils se conduiraient dans cette circonstance, ils s’assureraient ou perdraient entièrement