Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/235

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Lowestoffe se retira pendant que Nigel suivait avec lenteur et hésitation les instructions que son jeune ami venait de lui donner. Il éprouvait de la répugnance et du dégoût à se cacher sous ce misérable costume ; mais quand il réfléchissait au châtiment sanglant que la loi infligeait à l’acte de témérité et de violence qu’il avait commis, au caractère facile et insouciant de Jacques, aux préventions et à l’influence tyrannique du duc de Buckingham, qui, jetées dans la balance, seraient d’un poids terrible contre lui ; et surtout quand il songeait qu’il devait maintenant regarder l’artificieux, l’insinuant Dalgarno comme son plus cruel ennemi, la raison lui disait qu’une situation aussi périlleuse l’autorisait à employer tout moyen honnête, quelque désagréable qu’il fût.

Pendant qu’il se rhabillait en rêvant à tout cela, l’obligeant étudiant rentra dans la chambre à coucher. « Morbleu ! dit-il, milord, il est fort heureux que vous ne soyez pas entré tout droit dans notre Alsace comme vous en aviez l’intention, car les faucons s’y sont abattus. Voilà Jimp qui vient de m’apprendre qu’il y a vu entrer un huissier porteur d’un mandat du conseil privé, avec une douzaine de satellites armés jusqu’aux dents : le cor que vous avez entendu sonner était pour rassembler tous les Alsaciens. Cependant, quand le vieux duc Hildebrod a vu que l’objet de la recherche était un individu qu’il ne connaissait pas, il a permis, par courtoisie, aux dénicheurs d’hommes de faire une descente dans ses états, étant bien certain que cela ne leur servirait pas à grand’chose, car le duc Hildebrod est un très-judicieux potentat. Retournes-y, petit drôle, et reviens nous dire quand tout sera tranquille. — Et qui est donc ce duc Hildebrod ? demanda lord Glenvarloch. — Morbleu ! milord, y a-t-il si long-temps que vous êtes dans la ville sans avoir entendu parler du vaillant, du sage, du politique duc Hildebrod, le grand protecteur des libertés de l’Alsace ? Je croyais que tout homme qui avait secoué des dés devait le connaître de réputation. — Et cependant je n’en ai jamais entendu parler, maître Lowestoffe, dit lord Glenvarloch ; ou, ce qui revient au même, je n’ai fait aucune attention à ce qu’on a pu dire de lui devant moi. — Eh bien donc, reprit Lowestoffe… mais d’abord permettez-moi d’avoir l’honneur de vous aider : remarquez, je vous prie, que je laisse quelques-unes des aiguillettes dénouées exprès, et s’il vous plaît de laisser voir un peu de votre chemise entre votre justaucorps et la ceinture de votre pantalon, cela vous donnera un air de libertin qui ne peut que