Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/224

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les théâtres depuis quelque temps… Trêve, à cette folie, mon cher… allez chez vous, dînez avec de la soupe et de la salade, buvez de l’eau de chicorée pour vous rafraîchir le sang, et méfiez-vous du démon malfaisant de la colère : surtout craignez d’être abusé… — En effet, » répondit lord Glenvarloch d’un ton de ressentiment calme et prononcé ; « en effet, je me suis laissé abuser trop long-temps, et surtout par vous, milord Dalgarno, vous qui osâtes vous servir du masque de l’amitié. — Voilà une belle affaire ! » dit Dalgarno se tournant vers sir Ewes Haldimund, comme pour le prendre à témoin : « voyez-vous cette tête chaude, sir Ewes ?.. il y a un mois il n’aurait pas osé regarder en face un de ces moutons qui sont là-bas, et maintenant il fait le rodomont, plume les pigeons, critique les acteurs et les poètes, et par reconnaissance pour moi qui l’ai mis sur la voie d’acquérir la réputation éminente dont il jouit dans la ville, il s’en vient ici chercher querelle à son meilleur, peut-être à son unique ami. — Je renonce à une amitié aussi fausse que la vôtre, milord, dit lord Glenvarloch ; je désavoue la réputation que vous cherchez à me faire même en ma présence ; et avant que nous nous séparions, je vous sommerai de m’en rendre compte. — Milords, interrompit sir Ewes Haldimund, permettez-moi de vous rappeler à tous deux que le parc du roi n’est pas un endroit convenable pour une querelle… — Tout endroit me convient lorsqu’il m’offre mon ennemi, » dit lord Glenvarloch, qui ne savait pas, ou qui, dans sa colère avait peut-être oublié les privilèges du lieu où il se trouvait. « Vous me trouverez très-disposé à vous répondre, » dit lord Dalgarno d’un ton calme, « aussitôt que vous m’en aurez donné une raison suffisante. Sir Ewes Haldimund, qui connaît la cour, vous dira que je ne recule jamais dans de telles occasions. Mais de quoi vous plaignez-vous maintenant, après n’avoir reçu que des marques d’amitié de moi et de ma famille ? — Je n’ai pas à me plaindre de votre famille, dit lord Glenvarloch : elle a fait pour moi tout ce qu’elle pouvait, plus, bien plus que je n’avais le droit d’en attendre ; mais vous, milord, tandis que vous me donniez le nom d’ami, vous avez souffert qu’on calomniât mon caractère, tandis qu’un mot de votre bouche eût suffi pour le justifier… de là le message injurieux que je viens de recevoir de la part du prince de Galles. Laisser noircir la réputation d’un ami, milord, sans essayer de la défendre, c’est se rendre soi-même complice de la calomnie. — Vous avez été mal informé, milord