Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/211

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qui y allaient prendre de l’exercice ou chercher le délassement de la promenade.

Ce fut là que lord Glenvarloch se rendit pour se distraire des réflexions désagréables occasionnées soit par sa séparation d’avec son fidèle écuyer Richie Moniplies, soit par la lettre anonyme qui semblait arriver à l’appui des avis de son serviteur.

Il y avait beaucoup de monde dans le parc quand il y entra ; mais la disposition d’esprit où il était le portant à fuir la société, il se tint éloigné des allées les plus fréquentées du côté de Westminster et de White-Hall, et se dirigea vers le nord de cet enclos, ou, comme nous dirions maintenant, vers la partie bordée par Piccadilly, espérant pouvoir se livrer à ses réflexions, ou plutôt les chasser sans être troublé.

Cependant lord Glenvarloch se trompait dans son attente. Comme il marchait lentement, les bras croisés sous son manteau, et son chapeau rabattu sur ses yeux, il vit fondre sur lui à l’improviste sir Mungo Malagrowther, qui, évitant le monde ou en étant évité, s’était retiré, par goût ou par nécessité, dans ce coin isolé du parc.

Nigel tressaillit au son aigre, perçant et querelleur de la voix fêlée du chevalier, et ne fut pas moins alarmé lorsqu’il vit sa longue et maigre personne se diriger vers lui en boitant, enveloppée d’un manteau râpé, sur la surface duquel dix mille taches de diverses espèces éclipsaient l’écarlate, sa couleur primitive, et la tête coiffée d’un castor qui avait rendu de longs services, et qui était orné d’une bande de velours noir au lieu de chaîne, tandis qu’à la place d’une plume d’autruche il était surmonté d’une plume de chapon.

Lord Glenvarloch aurait bien voulu lui échapper ; mais, comme le dit notre épigraphe, il aurait été aussi facile à un jeune lièvre de se débarrasser d’un lévrier expérimenté. Sir Mungo, pour continuer la comparaison, avait appris depuis long-temps à surprendre et à forcer son gibier. Nigel se trouva donc obligé de s’arrêter tout droit, et de répondre à la question rebattue : « Eh bien ! quelles nouvelles aujourd’hui ? — Rien d’extraordinaire, je crois, » répondit le jeune lord en essayant de passer outre.

« Oh ! vous allez à l’Ordinaire français, reprit le chevalier, mais il est encore de bonne heure… Nous avons le temps de faire un tour dans le parc en attendant ; cela vous aiguisera l’appétit. �»

En parlant ainsi, il passa tranquillement son bras sous celui de lord Glenvarloch, en dépit de toute la répugnance que sa victime