Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/185

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La compagnie, qui avait probablement ses raisons pour ne pas avoir du courage du capitaine une idée aussi haute que celle qu’il en avait conçue lui-même, parut s’amuser beaucoup de la manière dont le jeune bourgeois avait entamé cette querelle, et on s’écria de tous côtés : « Bien sonné, la cloche de Bow ! Bien chanté coq de Saint-Paul ! Allons, sonnez la charge, ou le soldat se trompera de signal, et battra en retraite au lieu d’avancer. — Vous vous méprenez, messieurs, » dit le capitaine en regardant autour de lui d’un air de dignité : « je ne veux que m’informer si ce cavaliero bourgeois est d’un rang et d’une condition à croiser l’épée avec un homme de ma sorte ; car, vous concevez, messieurs, que je ne puis pas me mesurer avec le premier venu, sans risquer de compromettre ma réputation… mais, dans ce cas, il recevra bientôt de mes nouvelles en forme d’honorable défi. — Et vous, vous allez honteusement sentir le poids de mon bâton, » dit le citoyen de Londres en se levant, et prenant son épée qu’il avait mise dans un coin ; « suivez-moi ! — C’est moi qui ai le droit de désigner le lieu du combat, d’après toutes les règles de l’épée, dit le capitaine, et je choisis le labyrinthe dans Tolhill-Fields[1], pour champ de bataille ; pour témoins, deux gentilshommes qui seront des juges étrangers à la querelle ; et quant au temps, voyons… ce sera d’aujourd’hui en quinze à la pointe du jour. — Et moi, dit le citoyen, je désigne pour lieu du combat l’allée du jeu de boules qui est derrière la maison ; pour témoins, l’honorable compagnie ; et quant au temps, ce sera le moment actuel. »

En parlant ainsi, il enfonça son chapeau sur sa tête, donna un coup de plat de sabre sur les épaules du capitaine, et descendit en courant. Le capitaine ne se montra pas très-empressé de le suivre ; cependant, excité par les éclats de rire et les railleries de ceux qui l’entouraient, il assura la compagnie que quand il agissait, c’était de sang-froid et avec réflexion ; et, prenant son chapeau, qu’il enfonça de l’air du vieux Pistol[2], il descendit pour se rendre au lieu du combat, où son adversaire, plus actif, l’attendait déjà l’épée nue. Les membres de la société, qui paraissaient tous également joyeux du spectacle qui se préparait, coururent les uns aux fenêtres, les autres en bas pour se ranger autour des combattants. Nigel ne put s’empêcher de demander à Dalgarno si son intention n’était pas de s’interposer pour empêcher le mal qui pouvait arriver.

  1. Quartier de Westminster à Londres. a. m.
  2. Personnage de Shakspeare, dans Henri IV et Henri V. a. m.