Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/157

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être utile, et dont j’ai partagé si long-temps la bonne et la mauvaise fortune. Mais Dalgarno sera un noble Écossais. — A-t-il déjà vu l’Écosse, milord ? — Il y est allé l’année dernière, et ce qu’il a raconté du pays a donné au prince un ardent désir de le visiter. — Lord Dalgarno est en grande faveur auprès de Son Altesse et du duc de Buckingham, ajouta l’orfèvre. — C’est vrai, répondit le comte ; et je désire que ce soit pour leur avantage à tous. Le prince est juste et équitable dans ses sentiments, quoique froid et roide dans ses manières, et très-opiniâtre sur des bagatelles : quant au duc, il est noble et brave, franc et généreux, plein de fougue, d’ambition et d’impétuosité. Dalgarno n’a aucun de ces défauts, et ceux qu’il peut avoir se corrigeront peut-être par la compagnie qu’il fréquente. Mais tenez, le voici. »

Lord Dalgarno s’avançait effectivement du bout de l’allée qu’ils avaient en face, vers le banc où son père et ses hôtes étaient assis, de sorte que Nigel eut tout le loisir d’examiner sa tournure et sa physionomie. Il était habillé à la dernière mode, qui était riche et magnifique, et convenait bien à ses vingt-cinq ans, à sa taille noble et à sa belle figure, dans laquelle il était facile de retrouver les traits mâles de son père, mais adoucis par un air de politesse habituel que le vieux comte n’avait jamais daigné prendre à regard de ce qu’on appelle le monde. D’ailleurs son abord était franc et aisé, exempt de hauteur et d’orgueil, et n’indiquait certainement ni une froideur hautaine ni une présomptueuse impétuosité. Jusque-là c’était avec justice que son père l’avait absous des défauts caractéristiques qu’il attribuait aux manières du prince et de son favori Buckingham.

Pendant que le vieux comte présentait à son fils sa nouvelle connaissance, lord Glenvarloch, comme un jeune homme dont il désirait le voir devenir l’ami, Nigel observait avec attention la physionomie de lord Dalgarno, pour voir s’il n’y surprendrait rien de cette prévention secrète dont le roi avait touché quelques mots, et qu’il semblait attribuer à la division d’intérêts existante entre le jeune lord Nigel et le duc de Buckingham, mais il ne put en rien découvrir ; au contraire, lord Dalgarno reçut sa nouvelle connaissance avec cette franchise et cette politesse qui gagnent le cœur au premier abord, quand elles s’adressent à un jeune homme plein de candeur et de sincérité.

Il est presque inutile de dire que Nigel répondit avec empressement et cordialité à cet accueil amical. Depuis plusieurs mois,