Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/141

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Heriot, » dit Nigel un peu embarrassé de cette interruption inattendue.

« Le nom de maître Heriot aura son poids toutes les fois qu’il s’agira d’or et d’argent, milord, » reprit Maxwell avec un air de politesse railleuse ; mais il n’en est pas de même en fait de rang et de naissance. Les devoirs de ma charge sont positifs sur ce point. L’entrée est obstruée, je suis très-fâché de vous le dire, milord, mais il faut que Votre Seigneurie fasse place. — De quoi s’agit-il ? demanda un vieux seigneur écossais qui avait été parler à George Heriot après que Nigel s’en était séparé, et qui s’avança en remarquant une espèce d’altercation entre Maxwell et ce jeune homme.

« C’est seulement M. le vice-chambellan Maxwell, dit sir Mungo Malagrowther, qui exprime sa joie de voir à la cour le lord Glenvarloch, au père duquel il doit sa charge. Au moins je crois que c’est ce dont il est question, car Votre Seigneurie connaît mon infirmité. » Il y eut ici des éclats de rire étouffés, et tels que le permettait le lieu, parmi tous ceux qui entendirent cet échantillon de l’humeur sarcastique de sir Mungo. Mais le vieux seigneur, s’avançant encore davantage, s’écria : « Quoi ! le fils de mon brave et ancien adversaire Ochtred Olifaunt…. Je vais le présenter moi-même. »

En parlant ainsi, il prit Nigel par le bras sans autre cérémonie et allait l’entraîner en avant, quand Maxwell, tenant toujours sa baguette devant la porte, dit avec un peu d’hésitation et d’embarras : « Milord, ce gentilhomme n’est pas connu, et j’ai ordre d’être très-scrupuleux. — Bah, bah ! dit le vieux lord, je répondrais qu’il est le fils de son père, rien qu’à la coupe de son front… et toi, Maxwell, tu connaissais assez bien son père pour nous épargner tes scrupules…. laisse nous passer. » En parlant ainsi il mit de côté la baguette du chambellan et entra dans la salle d’audience, tenant toujours le jeune homme sous le bras.

« Il faut que je fasse connaissance avec vous, jeune homme ; il le faut absolument. J’ai bien connu votre père, mon cher : j’ai rompu une lance avec lui et croisé ma lame avec la sienne, et je suis glorieux de vivre pour m’en vanter. Il était du parti du roi et moi du parti de la reine pendant les guerres de Douglas. Nous étions tous deux alors de jeunes gaillards qui ne craignions ni le fer ni le feu, et nous avions de plus, entre nous, quelque vieille haine féodale qui nous était transmise de père en fils avec nos sceaux, nos grands sabres à double poignée, nos cottes d’armes et