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Jeannette Foster en ajoutant : « Portez cela pour l’amour d’elle et de moi.

— Je suis bien charmée, milord, » répondit Jeannette avec gravité, « que mes faibles services aient été agréables à milady dont personne ne peut approcher sans désirer de lui plaire ; mais nous qui appartenons à la pieuse congrégation de M. Holdforth, nous ne nous soucions pas, comme les élégantes filles du monde, de porter de l’or à nos doigts et des pierres précieuses à notre cou, de même que les femmes vaniteuses de Tyr et de Sidon.

— Oh, oh ! vous êtes un des graves docteurs de la confrérie des Précisiens, aimable Jeannette, et je crois que votre père est un des membres zélés de cette congrégation. Je ne vous en aime que mieux tous les deux, car je sais qu’on a prié et fait des vœux pour moi dans votre assemblée. Du reste, vous pouvez d’autant mieux vous parer d’ornements, mademoiselle, que vos doigts sont charmants et que votre cou est d’une blancheur éclatante. Mais voici ce que ni papiste, ni puritain, ni latitudinaire, ni précisien, n’ont jamais craint ni dédaigné d’accepter : prenez-le aussi, mon enfant, et employez-le comme il vous plaira. »

En disant ces mots il lui mit dans la main cinq larges pièces d’or à l’effigie de Philippe et de Marie.

« Je n’accepterais pas davantage cet or, dit Jeannette, si je n’espérais lui trouver un emploi qui attirât sur nous les bénédictions du ciel.

— Fais-en ce que tu voudras, charmante Jeannette, dit le comte, je le trouverai toujours bon Mais, je te prie, fais-nous servir promptement le souper.

— J’ai invité M. Varney et M. Foster à souper avec nous, milord, » dit la comtesse au moment où Jeannette sortait pour exécuter les ordres du comte ; « m’approuvez-vous ?

— J’approuverai toujours ce que vous faites, Amy, répondit son époux, et je suis d’autant plus charmé que vous leur ayez accordé cette faveur, que Richard Varney est un homme tout à moi, et qui est de moitié dans tous mes secrets conseils. Quant à Antony Foster, pour le présent, je suis forcé de lui donner ma confiance.

— J’ai une grâce à vous demander et un secret à vous apprendre, mon ami, » dit la comtesse d’un ton d’hésitation.

« Remettons cela à demain, mon amour, dit le comte. J’entends ouvrir la porte de la salle à manger ; et comme j’ai cheminé vite et long-temps, un verre de vin ne me sera pas désagréable. »