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« À la partie occidentale de l’église sont les ruines d’un manoir, appartenant jadis comme lieu de retraite ou monastère, suivant quelques historiens, aux moines d’Abingdon. Après la dissolution de la compagnie, ledit manoir ou ladite seigneurie, passa aux mains d’un nommé Owen, je crois, alors possesseur du domaine de Godstow.

« Dans la salle et sur la cheminée se trouvent les armoiries d’Abingdon, taillées sur la pierre, savoir : une patonie ou croix dont les extrémités s’élargissent entre quatre martelets ; et de plus, un autre écusson représentant un lion rampant, et plusieurs mitres également taillées dans la pierre incrustée en divers endroits des murs de la maison. Il y a aussi dans ladite maison une chambre appelée la chambre de Dudley, où la femme du comte de Leicester fut assassinée. On rapporte à ce sujet les détails suivants :

« Robert Dudley, comte de Leicester, très bel homme, et d’une figure très distinguée, était un grand favori de la reine Élisabeth. On crut, et le bruit circula que s’il avait été célibataire ou veuf, la reine l’eût fait son époux. Dans cette vue, et pour s’affranchir de tous obstacles, il ordonna, ou peut-être à la suite de supplications flatteuses pour sa femme, il demanda qu’elle se retirât dans la maison d’Antony Forster, qui vivait alors audit manoir. Il prescrivit également à sir Richard Varney, qui lui avait suggéré cette idée, de tâcher, dès l’arrivée de ce dernier en ce lieu, d’empoisonner la comtesse, ajoutant que si le poison ne réussissait pas, il faudrait recourir à tout autre moyen de se débarrasser de cette femme. Ce fait, à ce qu’il paraît, fut prouvé par le rapport du docteur Walter Bayly, quelque temps membre du nouveau collège, demeurant alors à Oxford, et professeur de médecine à cette université, lequel, pour n’avoir pas voulu consentir à empoisonner la comtesse, fut l’objet des persécutions du comte de Leicester, qui à la cour s’efforça de le desservir. Ce même docteur rapporta comme certain que, d’après la version qui à Cumnor avait circulé parmi les conspirateurs, l’infortunée comtesse fut empoisonnée un peu avant qu’on l’assassinât ; machination qui eut lieu comme il suit :

« Les conspirateurs voyant la pauvre lady malade et languissante (car l’un d’eux savait bien que, d’après ce qui s’était passé, la mort de cette femme n’était plus éloignée), commencèrent à lui persuader que sa maladie présente était le résultat d’un excès de mélancolie et d’une surabondance d’humeurs, etc. ; que dès lors elle ferait bien de prendre une potion. Elle s’y refusa obstinément, vu que