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Varney ne parut pas se soucier (peut-être n’en eût-il pas eu la force, car sa chute avait été rude) de troubler la retraite de son ennemi. Il se contenta de lui lancer un regard farouche en le voyant partir ; puis s’adressant à Lambourne : « Es-tu un camarade de Foster, mon brave ?

— Amis jurés, comme manche et lame, répondit Lambourne.

— Voilà une pièce d’or pour toi. Suis cet homme, vois où il s’arrêtera, et viens me le dire ici ; mais sois prudent et silencieux, coquin, si tu tiens à ton gosier.

— Il suffit, répondit Lambourne ; je puis suivre une piste aussi bien que le meilleur limier.

— Va donc, » dit Varney en remettant sa rapière dans le fourreau ; et tournant le dos à Lambourne, il s’achemina lentement vers la maison. Lambourne ne s’arrêta qu’un instant pour ramasser les nobles que son ci-devant compagnon lui avait jetés avec si peu de cérémonie, et se dit à lui-même en les mettant dans sa bourse avec le cadeau de Varney : « J’ai parlé hier à ces animaux des richesses d’Eldorado ; par saint Antoine ! il n’y a pas pour les hommes de ma trempe d’Eldorado qui égale la bonne vieille Angleterre. Il y pleut des nobles, par le ciel… ils couvrent le gazon comme des gouttes de rosée… il n’y a qu’à les ramasser. Si je n’ai pas ma part de cette brillante rosée, puisse mon épée se fondre comme un glaçon ! »




CHAPITRE V.

L’ENTRETIEN AVEC LE COURTISAN.


C’était un homme connaissant le monde, comme un pilote sa boussole ; son aiguille était toujours tournée vers l’intérêt, et il déployait ses voiles avec avantage au vent des passions d’autrui.
Le Trompeur, tragédie.


Antony Foster était encore discutant avec la belle étrangère, qui accueillait avec mépris ses prières et ses instances pour qu’elle rentrât dans son appartement, quand un coup de sifflet se fit entendre à la porte de la maison.

« Nous voilà bien, dit Foster ; c’est le signal de milord. Que lui