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domestiques, dépendants, officiers subalternes étaient assemblés, et se parlaient tout bas en dirigeant leurs yeux vers les croisées de la grande salle avec un air à la fois mystérieux et effrayé.

Sir Nicolas Blount fut la première personne de sa connaissance que rencontra Tressilian ; et ne lui laissant pas le temps de lui adresser de questions, il le salua de ces paroles : « Dieu te bénisse, Tressilian ! tu es plus fait pour le rôle de campagnard que pour celui de courtisan ; tu ne sais pas faire ta cour comme il convient à un homme qui est à la suite de Sa Majesté. Pendant qu’on te demande, qu’on te désire, qu’on t’attend, qu’on ne peut se passer de toi, ne voilà-t-il pas que tu nous arrives avec un vilain marmot sur le cou de ton cheval, comme si on t’avait constitué nourricier de quelque diablotin en sevrage que tu viens de promener.

— Eh bien, qu’y a-t-il ? » dit Tressilian en laissant aller l’enfant, qui sauta à terre avec la légèreté d’une plume, et en mettant lui-même pied à terre.

« Ma foi, personne ne sait ce qu’il y a, répondit Blount ; je ne puis pas le découvrir moi-même, quoique j’aie le nez aussi fin qu’aucun de nos courtisans : seulement milord Leicester vient de traverser le pont au galop, d’un train à tout renverser sur son passage ; il a demandé une audience à la reine, et est maintenant enfermé avec elle, Burleigh et Walsingham ; et l’on vous demande : mais est-ce une affaire de trahison, ou quelque chose de pis ? c’est ce que personne ne sait. »

« Il dit vrai, de par le ciel, » ajouta Raleigh qui survint dans ce moment ; « il faut que vous paraissiez sur-le-champ devant la reine.

— Ne soyez pas si pressé, Raleigh, dit Blount ; souvenez-vous de ses bottes, pour l’amour du ciel. Mon cher Tressilian, va dans ma chambre, et endosse mes nouvelles chausses de soie couleur de chair… je ne les ai portées que deux fois.

— Bah ! répondit Tressilian ; écoute, Blount, prends soin de cet enfant, traite-le avec bonté, et veille à ce qu’il ne s’échappe pas ; il est de la plus grande importance de pouvoir le faire paraître. »

En parlant ainsi il se hâta de suivre Raleigh, laissant l’honnête Blount tenant la bride de son cheval d’une main, et l’enfant de l’autre. Blount regarda long-temps du côté où il était allé.

« Personne, dit-il, ne m’appelle pour m’initier à ces mystères, et le voilà qui me laisse ici pour servir à la fois de gardien à son cheval et à cet enfant. Je pourrais l’excuser sur le premier point, car j’aime