Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/364

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rée, et qui devina immédiatement au changement de sa physionomie, tout léger qu’il fût, quel était le sujet dont la reine lui parlait. Mais Leicester avait rassemblé toute la fermeté dont il jugeait avoir besoin, et quand Élisabeth lui dit : « C’est de l’affaire de Varney et de Tressilian que nous parlons : la dame est-elle ici, milord ? » sa réponse ne se fit pas attendre : « Gracieuse souveraine, dit-il, elle n’y est pas. »

Élisabeth fronça le sourcil et se pinça les lèvres. « Nos ordres étaient stricts et positifs, milord ; » telle fut sa réponse.

« Et ils auraient été exécutés, madame, répondit Leicester, n’eussent-ils été exprimés que comme le plus faible désir, mais… Varney, avancez… Ce gentilhomme apprendra à Votre Grâce pourquoi cette dame (il ne put contraindre sa langue rebelle à la nommer la femme de Varney) ne peut paraître en votre présence royale. »

Varney s’avança, et exposa avec présence d’esprit, comme il le croyait fermement, l’incapacité absolue de la personne (car lui-même, en présence de Leicester, n’osa pas l’appeler sa femme) de se présenter devant Sa Grâce.

« Voici, dit-il, des attestations d’un très savant médecin dont le mérite et l’honneur sont bien connus de mon bon lord de Leicester, et d’un honnête et zélé protestant, homme recommandable par son crédit et sa fortune, un nommé Antony Foster, dans la maison duquel elle loge, qui déclarent qu’elle est maintenant en proie à une maladie qui la met tout-à-fait hors d’état de supporter un voyage tel que celui qu’il faut faire pour se rendre à ce château des environs d’Oxford.

— Ceci change l’affaire, » dit la reine, prenant les certificats entre ses mains et jetant un coup d’œil sur leur contenu. « Que Tressilian s’avance. Maître Tressilian, nous prenons beaucoup de part à votre situation, et d’autant plus que vous paraissez avoir profondément placé vos affections sur cette Amy Robsart. Le pouvoir dont nous jouissons peut, grâce à Dieu et à la soumission volontaire de nos sujets affectionnés, compter pour quelque chose ; cependant il est des circonstances qui sont hors de sa portée. Nous ne pouvons, par exemple, commander au cœur d’une jeune étourdie, et la contraindre à préférer le bon sens et une instruction solide au brillant justaucorps d’un courtisan. Nous ne pouvons rien non plus sur la maladie dont il paraît que cette dame est atteinte et qui la met dans l’impossibilité de paraître devant notre cour, comme nous l’avions