Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/330

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wick, depuis quelques heures, afin d’escorter la reine jusqu’à Kenilworth.

L’arrivée de la reine, comme bien d’autres grands événements, était espérée d’heure en heure, quand un courrier hors d’haleine vint annoncer que Sa Majesté, retenue par le désir de recevoir les hommages de ses vassaux qui s’étaient portés en foule à Warwick pour l’y attendre, ne serait pas au château avant la fin du jour. Cette nouvelle donna un instant de relâche à ceux qui, dans l’attente de la venue inopinée de la reine, étaient sur leurs gardes et se tenaient prêts à jouer leur rôle dans les fêtes qui devaient signaler cette réception. Wayland, en ce moment, voyant entrer plusieurs cavaliers dans le château, eut quelque espoir de trouver Tressilian parmi eux. Afin de ne point perdre l’occasion de rencontrer son patron dans le cas où il arriverait effectivement, il se plaça dans la cour extérieure, près de la tour de Mortimer, surveillant attentivement tous ceux qui remontaient ou descendaient le pont, dont l’extrémité était protégée par cet édifice. Posté de la sorte, il ne pouvait manquer de voir tous ceux qui entraient dans le château ou qui en sortaient, et il mettait toute son attention à étudier l’extérieur et la tournure de chaque cavalier, quand, après avoir débouché par la tour de la galerie, il traversait le champ clos au pas ou au galop, et s’avançait vers l’entrée de la grande cour.

Tandis que Wayland cherchait ainsi à découvrir celui qu’il ne voyait nulle part, il se sentit tirer la manche par quelqu’un dont il aurait tout autant aimé n’être pas vu.

C’était Dickie Sludge ou Flibbertigibbet qui, de même que le lutin dont il portait le nom, et dont, pour plus de ressemblance, il avait pris le costume, semblait se faire un jeu de surprendre ceux qui pensaient le moins à lui. Quels que fussent les sentiments intérieurs de Wayland, il jugea convenable d’exprimer de la joie de cette rencontre inattendue.

« Ah ! c’est toi, mon brin d’homme, mon petit poucet, mon prince des cacodémons, mon petit rat.

— Oui, répondit Dickie ; le rat qui tout à l’heure a rongé les rets, quand le lion qui s’y était laissé prendre commençait à avoir tout l’air d’un âne.

— Bon ! mon petit trotte-gouttières, tu es acide comme du vinaigre cette après-midi. Mais dis-moi, comment t’en es-tu tiré avec ce lourdaud de géant aux mains de qui je t’ai laissé ? J’avais