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Un bon cheval, mais point fougueux, capable de suivre celui de Wayland, et aussi doux qu’il fallait pour une dame, compléta les préparatifs du voyaye ; cette acquisition fut payée des fonds plus que suffisants que Tressilian avait remis pour cet objet à son agent. En conséquence, vers midi, après que la comtesse se fut rétablie par quelques heures de bon sommeil, ils se remirent en route, avec le projet de se rendre le plus promptement possible à Kenilworth, par Coventry et Warwick. Toutefois ils ne devaient pas aller bien loin sans rencontrer de nouveaux sujets d’alarmes.

Il est nécessaire de prévenir le lecteur que le maître de l’auberge avait informé nos voyageurs qu’une troupe de bons vivants, destinée, à ce qu’il avait entendu dire, à figurer dans quelques-unes des farces et intermèdes qui faisaient partie des amusements offerts d’ordinaire à la reine dans ses tournées d’été, avait quitté Donnington une heure ou deux avant eux pour se diriger vers Kenilworth. Or, l’idée était venue à Wayland qu’en s’attachant en quelque sorte à cette troupe aussitôt qu’ils l’auraient rejointe sur la route, ils attireraient bien moins l’attention que s’ils continuaient à voyager entièrement seuls. Il fit part de cette réflexion à la comtesse, qui, n’ayant d’autre désir que d’arriver immédiatement à Kenilworth, le laissa libre de choisir les moyens de la réaliser. Ils poussèrent donc leurs chevaux, dans l’intention de joindre la bande joyeuse et de voyager de compagnie avec elle. Ils venaient de découvrir la petite troupe, composée partie de cavaliers, partie de piétons, cheminant environ à un demi-mille de distance, sur le sommet d’une petite montagne derrière laquelle ils disparurent bientôt, lorsque Wayland, qui, aussi loin que sa vue pouvait s’étendre, observait tout ce qui se passait, aperçut un cavalier qui venait derrière eux sur un cheval d’une légèreté extraordinaire. Il était accompagné d’un domestique, qui, pour que son cheval pût suivre le trot de celui de son maître, avait été obligé de le mettre au galop. Wayland regarda ces cavaliers avec inquiétude, manifesta le plus grand trouble, se retourna de nouveau, devint pâle, et dit à la dame : « C’est le trotteur de Varney, je le reconnaîtrais entre mille ; voilà une plus fâcheuse rencontre que celle du mercier.

— Tirez votre épée, répondit la comtesse, et percez-moi le sein, plutôt que de permettre que je tombe entre ses mains.

— J’aimerais mille fois mieux, répondit Wayland, la lui passer au travers du corps, ou m’en percer moi-même. Mais, à dire vrai, combattre n’est point mon fort, quoique je puisse tout comme un