Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/253

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— Ou bien, continua Wayland, si la dame allait se montrer peu satisfaite de mes démarches ?

— Ce qui est assez vraisemblable, répondit Giles Gosling. Je m’étonne que M. Tressilian se donne tant de peine pour une dame qui ne se soucie pas de lui.

— Dans les deux cas je serais honteusement éconduit, dit Wayland ; ainsi, tout bien considéré, je goûte peu votre expédient.

— Vous voudriez peut-être que je me misse de la partie, monsieur le brave serviteur, répondit l’autre ; ma foi ! c’est votre affaire et non la mienne ; vous savez mieux que moi les risques que vous pouvez rencontrer, et jusqu’à quel point vous êtes disposé à les braver. Mais n’attendez pas que d’autres hasardent ce que vous-même vous ne voulez pas risquer.

— Un instant, un instant, dit Wayland ; dites-moi seulement une chose : ce vieillard se rend-il aussi à Cumnor-Place ?

— Sûrement ; je le pense, du moins, répondit l’aubergiste ; le domestique a dit qu’il allait y transporter leur bagage ; mais le pot d’ale a eu le même effet sur lui que les flacons de vin de Canaries sur Michel.

— Il suffit, » dit Wayland en prenant un air résolu. « Je traverserai les projets de ce vieux coquin. L’effroi que m’inspirait son odieux aspect commence à diminuer, et la haine à prendre racine. Aidez-moi à charger ma balle, mon bon hôte… Et toi, vieil Albumazar, prends garde à toi…. Il y a une maligne influence dans ton horoscope, et elle part de la constellation de la Grande-Ourse. »

En disant ces mots, il prit sa balle sur ses épaules, et guidé par l’hôte vers la porte de derrière de l’Ours-Noir, il prit le chemin le moins fréquenté pour gagner Cumnor-Place.