Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/187

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mon message, sans même admettre mon médecin en présence de son maître, auquel je l’envoyais donner des soins ? » dit la reine surprise au dernier point.

« Le coupable est devant vous, madame, dit Walter en s’inclinant profondément ; « c’est sur moi, sur moi seul que doit tomber tout le blâme ; et c’est avec raison que milord m’a envoyé pour subir les conséquences d’une faute dont il est aussi innocent que les rêves d’un homme endormi peuvent l’être des actions d’un homme éveillé.

— Quoi ! c’est toi, toi-même qui as refusé la porte de Say’s-Court à mon messager et à mon médecin ? dit la reine. Qui a pu inspirer tant d’audace à un jeune homme qui semble devoir… c’est-à-dire dont les manières annoncent tant de dévouement à sa souveraine ?

— Madame, » dit le jeune homme, qui, malgré l’air de sévérité de la reine, croyait lire sur son visage quelque chose qui ne ressemblait pas à de l’inflexibilité, « nous disons dans notre pays que le médecin est temporairement le souverain absolu de son malade. Hé bien ! mon noble maître était alors soumis à l’empire d’un médecin dont les avis lui ont grandement profité, et qui avait ordonné qu’on n’interrompît pas le sommeil du malade si l’on ne voulait mettre sa vie en danger.

— Ton maître se sera livré à quelque misérable empirique ! dit la reine.

— Je ne sais, madame ; mais le fait est que ce matin il s’est éveillé frais et vigoureux du seul sommeil qu’il ait goûté depuis longtemps. »

Les courtisans se regardaient l’un l’autre, bien plus pour voir ce que chacun pensait de ces nouvelles que pour se communiquer aucune observation sur ce qui était arrivé. « Par ma foi, je suis charmée qu’il soit mieux ; mais tu as été bien hardi de refuser la porte à mon médecin Masters. Ne sais-tu pas que la sainte Bible dit : Dans la multitude des conseils gît le salut.

— Oui, madame ; mais j’ai entendu dire à des savants que c’est du salut des médecins et non de celui du malade qu’il est question.

— Par ma foi, enfant, je n’ai plus rien à dire, » reprit la reine en riant ; « car ma science en hébreu se trouve en défaut. Qu’en dit milord Lincoln ? le texte a-t-il été convenablement interprété.

— Le mot salut, très gracieuse princesse, dit l’évêque de Lincoln, a été peut-être adopté avec un peu de légèreté, le mot hébreu étant…