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incommodé ; qu’il y mit les ingrédients et les assaisonnements ordinaires, savoir… »

« Passez ce bavardage, dit le comte, et voyez si ces ingrédients ne lui ont pas été fournis par un herboriste nommé Démétrius.

— Précisément, répondit le secrétaire. Et il ajoute qu’il n’a pas revu depuis ledit Démétrius.

— Cela s’accorde avec l’histoire de ton homme, Tressilian, dit le comte ; fais-le venir ici. »

Amené en présence du comte, Wayland répéta tout ce qu’il avait raconté précédemment, avec autant d’exactitude que de fermeté.

« Il est possible, dit le comte, que tu sois envoyé par ceux qui ont commencé cet ouvragée pour le finir ; mais fais-y bien attention, si ton remède me fait mal, il pourra t’arriver malheur.

— C’est être bien sévère, dit Wayland, puisque le succès d’un remède et la fin de notre existence sont entre les mains de Dieu. Néanmoins j’en courrai le risque. Je n’ai pas vécu si long-temps sous terre pour avoir peur d’un tombeau.

— Eh bien ! puisque tu as tant de confiance, dit le comte de Sussex, j’en courrai aussi le risque, car la science ne peut rien pour moi. Dis-moi, comment se prend ton médicament ?

— Je vais vous le dire sur-le-champ, dit Wayland ; mais puisque j’encours toute la responsabilité du traitement, que ce soit à la condition qu’il ne sera permis à aucun autre médecin de s’en mêler.

— C’est trop juste, répondit le comte ; maintenant, prépare ta drogue. »

Tandis que Wayland exécutait l’ordre du comte, les domestiques de celui-ci, d’après l’avis de l’artiste, déshabillèrent leur maître et le mirent dans son lit.

« Je vous préviens, dit-il, que le premier effet de ce médicament sera de produire un profond sommeil, pendant lequel le plus grand silence doit régner dans l’appartement ; autrement les conséquences pourraient en être fatales. Je veillerai moi-même auprès du comte avec quelqu’un des gentilshommes de sa chambre.

— Que tout le monde se retire, à l’exception de Stanley et de ce brave, dit le comte.

— Excepté moi aussi, dit Tressilian ; je suis autant que qui que ce soit intéressé aux effets de cette potion.

— Soit, mon bon ami ! dit le comte. Maintenant commençons notre expérience ; mais auparavant, appelez mon secrétaire et mon chambellan.