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déléguer à qui que ce soit son autorité paternelle sur miss Amy.

— Votre Révérence ne peut en douter, » dit Will Badger, qui entrait au même moment ; « car je gagerais ma vie qu’en s’éveillant il sera un tout autre homme qu’il n’a été depuis un mois.

— Quoi, Will ! as-tu tant de confiance dans la potion du docteur Diddleum ?

— Pas du tout, dit Will, car mon maître n’en a pas bu une goutte, vu que la femme de charge a vidé la fiole dans les cendres. Mais il y a ici un homme qui est venu avec M. Tressilian, lequel a donné à sir Hugh une potion qui en vaut vingt comme celle-là. J’ai causé longuement avec lui, et je n’ai jamais vu un meilleur maréchal, un homme qui s’entendît mieux à traiter les chevaux et les chiens ; et certainement il n’est pas homme à faire du mal à un chrétien.

— Un maréchal, misérable coquin ! Et de quelle autorité, je vous prie ! » dit le ministre en se levant de surprise et d’indignation ; « et qui cautionnera ce médecin de nouvelle espèce ?

— À l’égard de l’autorité, n’en déplaise à Votre Révérence, c’est en vertu de la mienne ; et quant à la caution, je crois que je n’ai pas vécu vingt-cinq ans dans cette maison sans avoir acquis le droit de donner une potion à un homme ou à une bête, moi qui sais purger, saigner, cautériser, au besoin, par moi-même. »

Les deux conseillers de la maison Robsart crurent devoir informer à l’instant Tressilian de cette circonstance. Celui-ci fit aussitôt appeler Wayland, et lui demanda, mais en particulier, de quel droit il avait osé administrer une médecine à sir Hugh Kobsart.

« Votre Honneur, répondit l’artiste, doit se rappeler que je lui ai dit que j’ai pénétré dans le mystère de la science de mon maître, je veux dire du savant docteur Doboobie, plus loin qu’il ne l’aurait voulu ; et véritablement s’il conclut de la rancune et de l’animosité contre moi, ce fut, indépendamment de ce que j’avais pénétré trop avant dans ses secrets, parce que plusieurs personnes de discernement, et notamment une jeune et jolie veuve d’Abingdon, préféraient mes ordonnances aux siennes.

— Point de mauvaises plaisanteries, » dit Tressilian d’un ton sévère. « Si tu t’es joué de nous ; bien plus, si ce que tu as fait prendre à sir Hugh Robsart porte le moindre préjudice à sa santé, tu trouveras ton tombeau au fond d’une mine d’étain.

— Je ne suis pas encore assez avancé dans le grand arcanum, pour convertir l’étain en or, » dit Wayland avec assurance. « Mais