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avaient des entrevues secrètes où ils se contragnaient moins qu’en notre présence. Plusieurs circonstances auxquelles je ne fis alors que peu d’attention (car je croyais son cœur aussi franc que l’annonçait sa figure angélique) se sont depuis représentées à ma mémoire et m’ont convaincu de leur secrète intelligence. Mais à quoi bon vous les détailler ? le fait parle de lui-même. Elle disparut de la maison de son père, Varney disparut en même temps ; et aujourd’hui même j’ai vu Amy établie comme maîtresse de Varney dans la maison de Foster, ce vil complaisant, où son amant déguisé venait la voir par une porte dérobée.

— Et c’est là sans doute la cause de votre querelle. Il me semble que vous auriez dû vous assurer d’abord si la belle dame désirait ou méritait que vous intervinssiez ainsi dans cette affaire.

— Ah ! mon cher hôte ! mon père, car je considérerai toujours comme tel sir Hugh Robsart ; mon père est chez lui, luttant contre sa douleur, ou, si son état de santé le lui permet, s’efforçant vainement de perdre au milieu de ses parties de chasse le souvenir de sa fille, souvenir qui se retrace sans cesse à sa pensée pour lui déchirer le cœur. Je ne pus supporter l’idée de voir le père vivre dans la douleur, et la fille dans le crime ; et je me mis à la chercher, espérant l’amener à revenir dans sa famille. Je l’ai trouvée, et quand j’aurai, ou réussi dans mes tentatives, ou acquis la conviction de leur inutilité, mon projet est de m’embarquer pour la Virginie.

— Pas tant de précipitation, mon bon monsieur, reprit l’hôte, et ne vous exilez pas ainsi de votre pays parce qu’une femme est une femme, et qu’elle change d’amants comme de rubans, sans d’autre motif que la fantaisie. Mais avant d’examiner l’affaire plus à fond, permettez-moi de vous demander quelles circonstances et quels soupçons vous ont fait deviner si bien la résidence de cette dame, ou plutôt le lieu où elle est cachée.

— Cette dernière expression est la plus juste, mon hôte ; et quant à votre question, je savais que Varney possédait une grande partie des anciens domaines des moines d’Abingdon, et c’est ce qui m’a fait diriger mes pas de ce côté. La visite de votre neveu à son vieux camarade Foster m’a fourni les moyens d’acquérir une certitude à cet égard.

— Et quel est votre projet maintenant, mon digne hôte ? Excusez la liberté que je prends de vous faire une question aussi indiscrète.

— J’ai le projet, mon hôte, de retourner demain à Cumnor--