Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/444

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regardait avec des yeux où se peignait la surprise, le frappa, et dans un autre temps elle aurait excité son hilarité. Adam était un des hommes d’armes qui avaient fait l’expérience de la pesanteur du bras de Roland ; tous deux en cet instant se reconnurent, Roland ayant relevé sa visière, et le bon archer ayant jeté à terre son casque dont la grille de fer le gênait, pour secourir plus promptement son maître. Dans ce casque, comme il était encore sur la pelouse, Roland n’oublia pas de laisser tomber quelques pièces d’or, fruit de la libéralité de la reine ; et après avoir fait un signe de souvenir et d’ancienne amitié, il partit au grand galop, afin de rejoindre la reine, dont la suite, qui était déjà loin, laissait derrière elle au bas de la montagne un épais nuage de poussière.

« Ce n’est parbleu pas de la fausse monnaie, » dit le bon Adam ramassant et pesant dans sa main les pièces d’or, « Ah ! oui, c’est bien M. Roland, c’est bien lui-même, c’est chose certaine, c’est sa bourse toujours ouverte, et par Notre-Dame, c’est bien le même poignet ! » Et en disant cela, le fauconnier faisait un mouvement des épaules. Comme milady sera joyeuse d’apprendre de ses nouvelles, car elle s’inquiète de lui comme d’un fils ! Marie, aussi il faut voir comme il est sémillant : oh ! oui, ces jouvenceaux si brillants sont sûrs de s’élever, c’est comme la mousse qui monte sur l’orifice d’un pot de bière. Mais pour nous, portion plus solide du genre humain, nous restons toujours fauconnier. » En parlant ainsi, il courut rejoindre ses camarades, qui étaient alors en grand nombre, et les aider à transporter son maître dans le château de Crookstone.


CHAPITRE XXXVIII et dernier.

la fuite.


Mon pays natal, adieu !
Byron.


Beaucoup de larmes furent versées sur les espérances trompées, les dangers de l’avenir et la perte de bien des amis lors de la fuite précipitée de la reine Marie. La mort du brave Douglas et celle de l’impétueux et vaillant Seyton semblaient affecter la reine plus que la perte de son trône, sur lequel elle avait été si près de se