Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/416

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que rapide ; et ordonnait à ceux qui étaient le plus éloignés de se servir de l’éperon, et de ne pas laisser tant d’intervalle dans leurs lignes ; puis parfois il allait près de la reine et des autres dames pour leur demander comment elles supportaient la rapidité de leur voyage, et si elles n’avaient point d’ordres à lui donner. Mais tandis que Seyton s’occupait ainsi avec quelque avantage et beaucoup d’ostentation, le cavalier qui marchait à côté de la reine lui prodiguait toute son attention, comme s’il veillait à la sûreté de quelque être supérieur. Lorsque la route était rocailleuse et dangereuse, il ne prenait presque plus garde à son propre cheval, et tenait constamment sa main sur la bride de celui de la reine ; si une rivière ou un large ruisseau traversait leur route, de son bras droit il la soutenait en selle, tandis que de la main gauche il tenait les rênes du palefroi de Sa Majesté.

— Je ne croyais pas, révérend père, » dit la reine lorsqu’ils gagnaient l’autre bord, « que le couvent eût de si bons cavaliers. » La personne à qui elle s’adressait soupirait, mais ne faisait pas d’autre réponse. « Je ne sais, continua Marie, mais le bonheur de la liberté ou le plaisir que me procure mon exercice favori, dont je n’ai pu jouir depuis si long-temps, ou tous les deux ensemble, semblent me donner des ailes. Jamais poisson ne glissa dans les eaux, jamais oiseaux ne fendirent les airs avec ce sentiment de liberté et de ravissement que je savoure en croisant dans ma course les brises de la nuit et en franchissant ces campagnes. Telle est la magie de cet instant, que je jurerais que je me retrouve montée sur ma chère Rosabelle, ma jument favorite, qui n’eut jamais d’égale en Écosse pour la légèreté, la douceur de la marche, et la sûreté du pied.

— Et si le cheval qui porte ce fardeau précieux pouvait parler, répondit la voix du mélancolique George Douglas, il vous dirait : « Nulle autre que Rosabelle ne devait servir aujourd’hui sa maîtresse chérie, et nul autre que Douglas ne devait la guider dans sa course. »

La reine tressaillit ; elle prévit d’un coup d’œil tous les maux que causerait à elle et à lui-même la violente passion de ce jeune homme ; mais les sentiments qui l’animaient de reconnaissance et de compassion l’empêchèrent de prendre la dignité de reine, et elle s’efforça de continuer la conversation avec un air indifférent.

« Il me semblait, dit-elle, avoir entendu dire que, lors du partage