Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/402

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décrire les nouvelles coiffures arrivées de Paris… Hélas ! la bonne dame n’a changé en rien que je sache aucune partie de son costume depuis le combat de Pinkielield… Ma mignonne Catherine lui chantera-t-elle un de ces airs touchants qui charment mon âme et celle de Roland Græme ?… Hélas ! dame Marguerite Douglas aimerait mieux un psaume huguenot sur l’air : Réveillez-vous, belle endormie… Fidèles conseillers, que faut-il faire, car nos esprits s’égarent en y songeant ? Notre champion et notre garde du corps Roland Græme doit-il assaillir courageusement la vieille dame et lui enlever ces clefs par voie de fait ?

— Non pas, avec la permission de Votre Majesté, dit Roland ; je pense qu’il faut avoir recours à la ruse, bien que, pour le service de Votre Majesté, je ne craigne pas…

— Un bataillon de vieilles femmes, interrompit Catherine, chacune armée d’une quenouille et d’un fuseau, encore qu’il n’ait aucun penchant pour les piques et les pertuisanes qui pourraient se montrer aux cris de Douglas ! aux armes ! Douglas !

— Ceux qui ne craignent pas la langue des belles dames, reprit le page, n’ont à craindre rien autre chose… Mais, gracieuse souveraine, je suis presque persuadé que je réussirai à substituer ces clefs à la place de celles de lady Lochleven ; seulement je crains la sentinelle qui maintenant est posée chaque nuit dans le jardin, et près de laquelle il nous faudra passer.

Nos amis de l’autre côté du lac nous ont promis, par leurs derniers avis, de nous secourir en cette occasion, reprit la reine.

— Et Votre Majesté est-elle certaine de leur vigilance comme de leur fidélité ?

— Je répondrais de l’une et de l’autre sur ma vie. Et je veux sur-le-champ te faire voir, mon dévoué Roland, qu’ils sont aussi dévoués et aussi ingénieux que toi-même. Viens ici ; mais non, Catherine, suivez-nous ; je ne conduirai pas seule un page si alerte dans ma chambre à coucher. Ferme la porte du salon, Fleming, et avertis-nous si tu entends le moindre pas. Mais non, reste plutôt ; va faire faction à la porte, toi, Catherine, » dit-elle à voix basse, « ton oreille et ton esprit sont plus subtils. Bonne Fleming, suis-nous toi-même. » Et elle ajouta encore à voix basse en parlant à Catherine : « Ta respectable parente surveillera Roland aussi bien que tu le pourrais faire toi-même ; ne sois pas jalouse, mignonne. »

Comme elle parlait ainsi, lady Fleming les éclaira, et ils entrè-